Les organisateurs ont voulu casser la coquille dans laquelle se confinait jusque-là la manifestation. Le festival du raï, traditionnellement organisé par l'association Apico, a démarré sur les chapeaux de roue. Pour cette édition, les organisateurs ont voulu casser la coquille dans laquelle se confinait jusque-là la manifestation pour l'ouvrir à d'autres genres de musique, d'autres régions de l'Algérie aux multiples facettes. La manifestation qui est à sa 4e édition a reçu pour cette fois le soutien du ministère de l'Energie et des Mines ainsi que celui du ministère de la Culture. Ces sponsors ont permis à l'association de la promotion et de l'insertion de la musique oranaise de définir un programme qui bouscule la tradition qui limitait la prestation à quelques chebs et chebettes sans expérience et sans une carte de visite, capable de drainer la grande foule. Certes, le défunt Hasni, cheb Khaled, Mami et les autres y avaient fait leurs premiers pas mais avec leur exil, la scène du festival s'est retrouvée livrée à des inconnus qui n'ont pas su reprendre le flambeau laissé à l'abandon durant la décennie noire du terrorisme. Pour cette édition, placée sous le signe d'un vibrant hommage rendu à feu Hasni et à tous les artistes disparus d'El Bahia, M.Touil Nacereddine n'a pas lésiné sur les moyens. Les tracasseries bureaucratiques n'ont pas altéré sa détermination à installer une plaque commémorative sur le lieu de l'assassinat du rossignol de la chanson raï, un certain 29 septembre 1994. «Les responsables locaux, confondant entre stèle et plaque commémorative nous ont signifié leur refus, mais notre détermination a eu raison de cet impair», dira-t-il. Après 2 jours de galas, marqués par la présence de cheb, venus de l'Est, du Centre et même du Sud et de la Kabylie, les choses semblent aller pour le mieux pour les organisateurs qui se sont déclarés satisfaits par les moyens techniques qu'ils ont loués pour réussir la manifestation. «Nous avons cassé notre tirelire pour louer une sono high-tech pour agrémenter les soirées des familles qui commencent à venir en nombre au théâtre de verdure Hasni-Chekroun», dira un organisateur. Le programme s'est voulu être un mélange des genres. La musique raï a ménagé pour cette fois des espaces aux autres genres de musique, une façon de se mesurer à eux et de se ressourcer au contact de genres ancestraux comme le raï trab incarné par Bouteldja Belkacem, cheikh Senhadji ou encore cheikh Naâm. Les organisateurs ont réservé une place de choix à ses chantres du raï originel puisé du terroir de la région. «Au contact de ces ténors, les jeunes ne peuvent qu'évoluer. Certes, El Hendi, Kouider Bensaïd, Houari dauphin ou encore cheba Kheira, ont conquis depuis des lustres un public mais cela ne pourra les empêcher de se ressourcer en puisant dans le répertoire des chouyoukh ou encore en s'inspirant des mélodies de Bellemou qui reste une référence en matière de musique raï». La clôture est prévue pour aujourd'hui et à l'occasion, le Tout-Oran est convié à une soirée non-stop qui transformera le théâtre de verdure et le boulevard du Front de mer en une vaste scène où se mêleront musique, lumière et danse dans un décor qu'on promet féerique.