Finalement, au lieu d'un, Oran en aura deux. Cette situation, qualifiée de saugrenue par les milieux locaux de la culture, est le fruit de l'intransigeance de l'Acvo et de l'Apico, le traditionnel organisateur de cette manifestation. Chaque partie campe sur ses positions et ne veut pas céder sur ce qu'elle qualifie de chasse gardée. «Le raï, c'est mon domaine», est l'argument utilisé par les uns et les autres. Pour arriver à cette situation extrême, les deux parties (Acvo - Apico) ont tout fait pour «casser» les ponts du dialogue. L'Apico a tiré à boulets rouges sur l'association culturelle de la ville d'Oran et le commissariat du 11e centenaire à propos des recettes de l'édition précédente. L'Apico n'a pas apprécié le fait que le commissaire du 11e centenaire se déjuge avant de refuser de payer les cachets des artistes qui s'étaient produits l'année dernière. L'Apico aurait conclu un arrangement avec l'Apw pour la prise en charge de l'accueil, l'hébergement et la restauration des invités en plus des cachets des artistes. Mais une fois la fête finie et les lampions éteints, l'APW s'est désistée. Cette dernière aurait exigé de l'Apico de payer les cachets des artistes avec la recette de la billetterie. Cette sortie est jugée inopportune par les responsables de l'association organisatrice qui justifie son refus de payer les cachets des artistes par le fait que les prix des billets ont été revus à la baisse pour permettre aux familles oranaises d'assister au gala du théâtre de Verdure. Actuellement, une affaire est pendante devant les tribunaux et chaque partie a fait valoir ses droits devant le magistrat instructeur. Le bras de fer engagé n'a pas permis de départager les deux parties et chacune n'a trouvé comme solution que d'enfoncer encore plus le clou en décidant l'organisation d'un festival de raï. Ainsi, l'Acvo, en collaboration avec le commissariat du 11e centenaire, organise du 8 au 15 août au théâtre de Verdure d'Oran et à Trouville, son festival de raï avec la participation de tous les chanteurs de raï d'Oran, alors que l'Apico va plus loin en décidant, elle aussi, d'organiser la première édition de son festival du 17 au 23 août. La manifestation, qui verra la participation d'artistes algériens installés à l'étranger, est placée sous le parrainage de cheb Mami qui animera le gala de clôture prévu au stade Zabana. Pour le moment, les deux associations sont allées prospecter le terrain des artistes pour puiser les atouts pouvant permettre le succès de leur manifestation. D'un côté, on annonce Houari Benchenet, Fadhela et Djelloul, de l'autre ce sont Mami, Billel et même Faudel qui sont appelés à la rescousse. Cette guéguerre à fleuret moucheté ne profiterait qu'au public oranais, mais pour les deux associations les choses pourraient se développer pour atteindre le seuil de la cassure.