La forte appréhension des mesures annoncées par l'Etat, pourraient être la source de la fragilisation de la paix sociale L'aisance financière des années passées, n'est aujourd'hui qu'un mirage qui, au premier réveil, a effacé tous les espoirs des Algériens. En effet, la situation est de telle sorte que, tout un chacun apporte son lot de critiques quant à la déclaration du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, concernant l'instauration d'un plan de rigueur pour surpasser la crise que traverse l'Algérie, de par la chute du baril de pétrole. Depuis cette déclaration, l'effervescence a gagné le front social. La forte appréhension des mesures annoncées par l'Etat, pourraient être la source de la fragilisation de la paix sociale. C'est de l'avis de plusieurs interlocuteurs, représentant diverses couches de la société à Annaba. Entre peur et appréhension, l'inquiétude augmente quant à la mise en place de ce plan de rigueur. Plusieurs individus apostrophés sur la situation, nos interlocuteurs ne se sont pas empêchés de critiquer vivement la politique de l'Etat, tant du point de vue de la répartition et la consommation de la rente pétrolière, que de sa stratégie économique. Les uns ont mis en exergue le bradage financier de hauts responsables dans l'Etat, les autres reprochent la mauvaise politique des crédits de tous dispositifs confondus. Entres les uns et les autres, il y a ceux qui déplorent le manque de prévoyance à long terme des gouverneurs du pays. Toute la divergence des points de vue, se canalise vers une seule préoccupation relative à l'inévitable risque de fragiliser la paix sociale. De l'avis de Zinou, taxieur, il estime que la situation était prévisible, surtout en l'absence d'un ministère de la Planification, «la création d'un tel département, permettrait de mieux savoir où injecter les fonds de l'Etat, et mieux planifier l'économie de l'Algérie» Ce jeune taxieur n'est autre qu'un débouché de l'Institut des mines et métallurgie. Ilham avocate, quant à elle, voit en ces mesures d'urgence prises par le gouvernement «une bombe à retardement. La décision du gouvernement aura certainement des conséquences désastreuses sur le front social», craint-elle. «C'est le malheureux citoyen qui va payer», a-t-elle regretté. «Comment sommes- nous arrivés à cette situation de faillite?» s'est demandé un député d'un parti d'opposition. Notre interlocuteur a vivement critiqué la politique économique de l'Algérie qui, depuis plus de 20 ans, n'a été autre, selon lui, qu'une économie d'importation de consommation et d'assistanat. «La politique du bricolage et le maintien des subventions ainsi que lescrédits ne garantiront certainement pas la paix sociale. Le gouvernement s'est encore une fois trompé de stratégie», devait-il déplorer. «Nous avons ras-le-bol des contrats Daip, nous attendions avec impatience de décrocher un emploi avec la nouvelle année 2015. La décision prise par Sellal a brisé toutes nos espérances», regrettent des jeunes fraîchement diplômés du département des langues, économie et des sciences administratives de l'université de Annaba. Les couches moyennes se partagent le même avis. Salim, père de famille, rencontré au marché couvert du centre -ville de Annaba se souvient des années de crise de 1986 et du plan d'ajustement structurel du FMI. «Après s'être soumis aux exigences du FMI durant les année 1990, toutes les entreprises de l'Etat ont été mises au pied du mur, après la restructuration de certaines et la fermeture d'autres, il était clair que l'Algérie allait vers un vide économique», rappelle-t-il. Fathi, marchand de légumes, désapprouve de son côté, l'octroi de crédits «des milliards de dinars ont été accordés aux jeunes dans le cadre d'une politique fiasco», a-t-il déclaré. «IL aurait été préférable d'injecter l'argent des crédits dans des opérations d'emploi durable à travers le renforcement du tissu industriel et le développement de l'agriculture et du tourisme», devait-il ajouter. En tous cas, les mesures d'urgence prises en vue d'amortir les effets de la crise liée à la chute des prix du baril, renseignent sur l'étendue de la faillite, mais surtout sur les désagréments qui vont l'accompagner.