Le secteur financier et, aujourd'hui, l'économie réelle vivent un cauchemar quotidien dont personne ne se risque à dater la fin ni à chiffrer la facture pour la planète entière. Pour les décideurs politiques et économiques, surtout pour ceux des pays les plus riches, la tâche parait si immense qu'ils ne savent pas par où commencer. Malgré les plans massifs de sauvetage à l'initiative des Etats et l'annonce de sommets mondiaux pour discuter de la crise financière, la contamination est systémique et systématique, à l'échelle mondiale. La crise financière impacte désormais de façon concrète et croissante l'économie réelle. Les signes plus tangibles de la récession sont bien là et l'effet domino joue à plein. La crise financière est devenue donc une crise économique. Au point que l'annonce hier par l'OPEP d'une réduction de sa production, inférieure à l'attente des analystes, n'a pas eu d'effet haussier sur les cours du pétrole : le prix du baril est tombé à 61 dollars à Londres et à 63 dollars à New York, soit des plus bas depuis plus d'un an. Les marchés craignent en fait que le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et dans la zone euro ne soit plus sévère et plus long qu'attendu. Cela va asséner un coup sérieux aux économies des pays développés, responsables d'une grande partie de la croissance mondiale et de la demande, notamment de pétrole. Après la déroute des marchés financiers, qui a atteint les Bourses qui se relèvent un jour pour mieux dévisser le lendemain, c'est au tour des marchés des obligations de déprimer sérieusement. Ces marchés «turbulent» de manière forte du fait de la fragilisation croissante des assureurs obligataires, de l'envolée des primes de risque et du tarissement des flux de dettes. La déconfiture des marchés et la fragilisation accrue des institutions financières donnent désormais à la crise une visibilité plus accrue. Chute libre des places boursières, baisse des prix des matières premières, croissance au ralenti, les marchés baissent manifestement les bras face au spectre de la récession qui se profile aux Etats-Unis et en Europe. Dans la zone euro, les prémices de la récession sont constituées par les premières annonces des baisses des indices composites qui synthétisent l'action du secteur privé. Les autres signes proviennent du secteur le plus emblématique de la contagion financière, l'automobile. Tour à tour, les géants français PSA Peugeot et Renault ont annoncé des arrêts de production tandis que les suédois Volvo et Scania reconnaissent connaître la baisse de régime «la plus brutale jamais vue». Les transports aériens ne sont pas en reste, qui annoncent un déclin du trafic passager international et du fret depuis cinq ans. Et alors que les plans sociaux se multiplient aux Etats-Unis et en Europe, l'indien ArcelorMittal annonce, lui, l'arrêt des fourneaux dans plusieurs pays européens. Pour les analystes, le pessimisme est désormais de rigueur. L'année 2009 s'annonce des plus sombres. Il ne s'agit plus de savoir si la récession est en train de s'installer mais de connaître son intensité, son amplitude et sa durée. Etats, banques centrales, institutions financières internationales comme le FMI, appelé par les gouvernements d'Asie et d'Europe à jouer un plus grand rôle dans la régulation et le contrôle du système financier mondial, mais aussi les commissaires aux comptes et les agences de notation sont ainsi invités à participer d'urgence à une nécessaire œuvre collective internationale. Celle qui consiste à éviter la faillite généralisée du système financier et l'effondrement des économies réelles. N. K.