Des formes et des idées L'expo qui s'étale jusqu'au 31 janvier propose une diversité d'objets aussi bien maniables qu'expérimentaux, matériels que graphiques, farfelus qu'originaux. Mitigé ou partagé, de l'avis du public, l'expo dédiée au design qui se tient actuellement au Musée d'art moderne et contemporain laisse le visiteur sur sa faim, si ce n'est quelques «objets» qui parviennent à sauver «les meubles» l'expo ne semble pas très riche en matière de découverte et n'invite pas vraiment au voyage. A première vue pourtant, c'est son homogénéité dès l'entrée du Mama qui lui insuffle une certaine aura d'harmonie, d'un point de vue d'ensemble, mais le détail est un élément à part entière, surtout en matière de design, qu'il ne faut pas négliger. Aussi cette édition, regroupant différents designers nationaux et internationaux, a fait appel à des artistes et des artisans d'ici et d'ailleurs, pour nous faire découvrir leurs trouvailles et leurs recherches en matière de design. Parmi ces pays il y a le Burkina Faso, le Maroc, l'Afrique du Sud, la France notamment, qui cohabitent au côté des Algériens, novices ou débutants dans le domaine. Certains de ces designers algériens présentent des oeuvres conçues avec le partenariat d'artisans de Koléa, Cherchell, la Casbah d'Alger, Bordj El Bahri, Bir Khadem, Aïn Taya... déclinées à deux niveaux, l'atrium puis le rez-de-chaussée, l'expo permet en tout cas de faire découvrir des créations, certaines plus abouties que d'autres. S'inscrivant dans le cadre de la 6e édition du Festival international d'art contemporain (Fiac), cette expo met en lumière la grande installation de l'artiste Cherif Medjeber, intitulée «Baba Salem, Yasmine, souvenirs d'enfance». Une installation faite de matériaux divers comme il est mentionné. L'artiste propose une série d'objets et de meubles à l'apparence bien chatoyants et hauts en couleur, entre tapis africains ou canapés matelassés aux couleurs maghrébo-africaines, l'image quoiqu'elle s'offre au visiteur en tout cas, inspire le confort et la zénitude dans cet antre très cossu où l'on peut croiser aussi des lampadaires très stylés, un fauteuil rouge longiligne et bien d'autres choses comme une table à engins bizarroïdes. L'on sent ainsi le goût du modelage et du remaniement doublé de la notion d'esthétisme avéré qui trouve ici sa pleine mesure et sa place dans ce musée «galerie». Au premier étage, le Mama nous gratifie de l'oeuvre signée par le Sud- Africain Johannes Van Der Schiff qui nous propose, à travers «Community punching bags» un amas d'objets recyclés, résultat d'assemblages donnant à voir une série de punching-balls colorés et décorés par l'artiste et des lycéens algériens. Dispatchés ici et là, ils sont comme rafistolés à la manière d'un patchwork singulier. Cette installation est accompagnée d'une vidéo sur laquelle on peut distinguer des jeunes tapant sur des ballons. Amine Belkkebir nous propose quant à lui une table et tabouret Verda. Ce diplômé des Beaux-Arts option design aménagement a conçu un mobilier épuré, sobre, en accord à la fois avec le développement durable et son penchant pour l'artisanat dont il fait la promotion et milite pour sa revalorisation. Algérienne née au Maroc, Mammeri Leïla présente pour sa part un meuble multicolore très tendance, sorte d'élévation de plusieurs rangements de casiers scolaires, faciles transportables sur roue. Messaoud Idir, quant à lui, est un passionné de design d'espace, de l'art urbain et de la peinture. Pour cette expo, le public pourra apprécier son prototype de fauteuil dépliable en cuir et en bois très remarqué. Le jeune artiste, pour info s'est principalement consacré à l'aménagement d'espace de décor et d'accessoires de cinéma, ainsi qu'au mobilier urbain et l'aménagement des espaces publics. Pour sa part, le Burkinabais Hamed Ouatara présente un mobilier métallique peint, constitué d'un bahut, d'un élément étagère haut et de trois tabourets. Du côté absurde, maintenant, mais très ingénieux, est l'artiste auteur du fameux Akakir et son concept des stiker in town. Walid Bouchouchi par son nom donc, propose ici une vision décalée du marchandising estampillé made in Algiers, à savoir la «chita» ou brosse qu'il a dupliqués en plusieurs exemplaires. Objet qu'il a accompagné de plus, soyons fou, d'un mode d'emploi! Une installation qui détourne de la fonction première de la brosse pour lui endosser sa valeur connotée que d'aucuns connaissent, sport national paraît-il en Algérie. Son comparse Mourad Krinah, présente pour sa part un grand papier peint ou toile (900 cm sur 400 cm). Sur ce papier, l'on peut instiguer une femme voilée d'un kefia, un fusil à la main. Une image reproduite à l'infini par l'artiste, sorte de virus de la guerre qui prolifère sans doute mais atténué par la vue de cette femme combattante. Comme quoi, l'on n'oublie pas que l'art peut réinventer cette chose artistique qui ne s'accommode pas seulement de l'effet esthétique, mais peut charrier avec un message sous tendu implicite, parfois militant ou simplement réflectif. Sans que cela soit une règle bien entendu. Issadi Samide quant à lui, propose une chaise à trois pieds, baptisé chaise mante, une belle trouvaille conceptuelle. Parmi les autres participants on peut citer le célèbre designer marocain, Hicham Lahlou qui présente un tryptique de travaux distincts soit «Afrika urbana», «Collection Casbah» et «Al Andalus» à voir. Dans un registre plus artisanal, un tantinet innovant, vous pouvez également découvrir le travail de Samir Hamiane qui s'effectue sur les lampes et la lumière, et Ourad Mohamed qui se consacre aux vases, notamment. Notons que le musée est ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00, sauf les vendredi et jours fériés. L'entrée est gratuite.