L'opposant au Makhzen a été retrouvé mort dans un parking à Malaga. Trente-neuf ans, après l'assassinat en France par les services secrets marocains de l'ancien opposant Mehdi Ben Barka, Hicham Mandari, qui représente le propre frère de l'actuel roi Mohammed VI, a connu, lui aussi, le même sort tragique. Hicham Mandari, l'homme par qui allaient être divulgués les petits secrets du sérail chérifien, a été retrouvé mort d'une balle dans la tête, selon le ministère espagnol de l'Intérieur, dans la nuit du 3 au 4 août dernier, près de Malaga, dans le sud de l'Espagne.Poursuivi par les justices française et marocaine pour de nombreuses affaires liées, en majeure partie, au trafic de billets, Mandari qui se présentait comme étant un ancien proche conseiller du roi défunt, s'était opposé de la manière la plus brutale à Hassan II durant les dernières années de règne de ce dernier. Une attitude qui a provoqué, évidemment, les foudres du Makhzen dont les pressions étaient d'autant plus accrues que le dissident marocain s'était, pour fuir le châtiment royal, exilé en France, un pays très proche de la famille royale. De son exil, Mandari narguait les autorités marocaines et menaçait à chaque fois de rendre publiques des révélations «fracassantes» mettant à nu les membres de la famille royale coupables, selon lui dans des affaires scandaleuses. Il n'est pas sans rappeler, à ce propos, la «brûlante» lettre ouverte que l'intéressé avait publié en juin1999, sous forme d'encart publicitaire, dans le Washington Post, dans laquelle il menaçait de divulguer, à l'opinion internationale des informations de nature à nuire à l'image du roi défunt. Après donc, une cabale tumultueuse faite de pressions juridiques, financières ...exercées sans relâche par les services marocains, la vengeance du Makhzen contre cet opposant encombrant a fini par avoir raison de lui. Le corps de Mandari a été retrouvé dans un parking de Fuengirola dans la ville de Malaga. Parmi les ennuis contre lesquels il a eu à faire face, figure cette affaire de la Banque marocaine du commerce extérieur (Bmce). Car, l'opposant avait été inculpé de chantage le 19 septembre 2003 sur plainte du directeur de la banque Othmane Bendjelloun. Entre les mains des enquêteurs, l'accusé avait déclaré que M.Bendjelloun lui avait proposé un accord afin qu'il mette un terme à ses déclarations publiques sur le roi du Maroc. N'ayant visiblement cure, depuis notamment la chasse aux sorcières même par Mohammed VI contre l'ensemble du personnel politique qui servit Hassan II dont, le plus célèbre, l'ancien ministre de l'Intérieur Dris El Basri qui se trouve actuellement en France, Hicham Mandari n'a pas souscrit aux menaces, de plus en plus accrues, du royaume. Bien que cette affaire n'ait pas la même dimension que celui de l'ancien opposant Mehdi Ben Barka, l'assassinat de Mandari est venu, nous confirmer, encore une fois, jusqu'où sont capables d'aller les gardiens du temple monarchique pour faire taire toute voix discordante au discours du régime. La répression sanglante a été de tout temps, l'arme redoutable qui servait à Hassan II de moyen pour se débarrasser de ses opposants les plus gênants. Mohammed VI semble, si la piste royale venait toutefois, à se confirmer, sur les «meilleurs» pas de son défunt père... Tel père, tel fils.