L'évasion de capitaux doit passer par un «contrôle plus rigoureux» du commerce extérieur. Deux groupes de travail ont été installés pour définir les mesures de rationalisation des importations et de lutte contre l'évasion des capitaux, a indiqué le ministre du Commerce, Amara Benyounès, dans un entretien accordé à l'APS. Le premier groupe, installé au niveau du ministère du Commerce, est chargé d'élaborer les actions à prendre pour assurer une meilleure gestion et la rationalisation des achats à l'extérieur. «Suite aux orientations du président de la République, nous avons mis en place un groupe de travail qui est chargé de remettre ses conclusions pour voir ce qu'il y a lieu de faire en matière de commerce extérieur», explique Benyounès. Quant au second groupe, qui est composé de représentants du ministère du Commerce et des deux administrations douanière et fiscale, il a pour mission de suivre d'une manière «rigoureuse, précise et permanente» toutes les transactions qui concernent le commerce international, afin de limiter l'évasion des capitaux vers l'étranger. Ces deux décisions ont été prises en application des recommandations édictées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du Conseil restreint, tenu il y a une dizaine de jours et consacré à l'impact de la baisse des cours du pétrole, sur la démarche économique et sociale du pays. Pour Benyounès, il s'agit tout d'abord, d'étudier la structure réelle des importations avant de voir la possibilité d'y opérer des réductions et quelles catégories d'importations doivent faire l'objet de réduction, précisant que le gouvernement doit réagir d'une manière économique et non administrative face à cette question. Concernant la composante des importations, le ministre constate que ces dernières sont constituées de biens d'équipement et de matières premières agricoles et industrielles, à hauteur de 62%, lesquels concourent à la création de la richesse nationale. En conséquence, poursuit-il, ces catégories de produits «sont difficilement (concernées par des restrictions en importations), car le programme d'investissement dans le secteur public ou privé nécessite ces catégories d'importation pour faire fonctionner les projets». Pour ce qui est des produits alimentaires, dont les importations représentent plus de neuf milliards de dollars, soit 17% des importations globales, il observe que la majorité écrasante se compose de produits essentiels (blé, sucre, huile...) «qui constituent des produits de première nécessité pour le consommateur algérien». Pour lui, «il est hors de question de réduire l'importation de ces produits essentiels en 2015.» Le ministre a souligné que l'Algérie se trouve dans une situation «très différente» de celle de 1986, lorsque les prix du pétrole avaient connu une forte chute. Il s'est cependant félicité qu'aujourd'hui, «l'Algérie n'ait pas de dette extérieure et qu'elle ait des réserves de change qui peuvent lui permettre de tenir 3 à 4 ans». Il soutient cependant, que si l'augmentation des importations dans certains pays révèle une bonne santé de leur économie, «la vraie solution pour l'Algérie réside dans la diversification de son économie à travers la relance des secteurs de l'industrie, de l'agriculture et du tourisme». A la question de savoir, si le gouvernement a défini un montant plafond des importations à ne pas dépasser durant cette conjoncture de baisse des cours du brut, afin de préserver la balance commerciale, le ministre a répondu que cela dépendra de l'évolution du marché pétrolier et des équilibres macroéconomiques et budgétaires durant les deux à trois prochains mois pour décider ou non de l'élaboration d'une loi de finances complémentaire qui déterminera les ajustements requis. «Le gouvernement suit cette affaire et nous allons gérer et voir ce qu'il y a lieu de faire à très court terme et décider de réajuster ou pas. S'il y aura des ajustements qui doivent être apportés, ils le seront au moment voulu», affirme-t-il. A propos de l'évasion des capitaux vers l'étranger, au sujet de laquelle le Conseil restreint a appelé au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, le ministre considère que la lutte contre ce délit économique, doit passer par un contrôle «beaucoup plus rigoureux» du commerce extérieur, afin de permettre à l'Algérie de préserver ses recettes en devises.