L'or noir fait réagir les partis politiques Les partis d'opposition sont unanimes sur le fait que cela est un «bis repetita» démagogique et que le pouvoir veut gagner du temps. En commentant les messages contenus dans le communiqué de la présidence de la République sanctionnant le Conseil des ministres présidé par le président Bouteflika, les réactions des acteurs politiques sont mitigées. Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, dira qu'il n'a décelé aucune main tendue à l'opposition, mais plutôt «des mots creux, juste des mots car le pouvoir n'a pas cessé de s'engager et de rien faire en fin de compte». Le pouvoir «reste sur sa même logique en tentant invariablement d'entraîner les partis à la queue leu leu pour applaudir sa démarche unilatérale». Il (le pouvoir, Ndlr) veut contraindre l'opposition à lui délivrer un blanc seing pour ses desseins», ajoute-t-il. Or, le régime, indique-t-il «doit surtout prendre conscience que le pays traverse une crise grave et multidimensionnelle. Par conséquent, il doit discuter sérieusement avec les acteurs politiques sur la base de concessions faites à l'opposition pour afficher sa volonté politique et garantir son engagement à construire une transition démocratique effective et consensuelle». Cependant, en appliquant l'adage selon lequel «après nous c'est le déluge, le pouvoir persiste dans sa fuite en avant qui consiste à dissimuler l'impact terrible qui attend le pays dans les échéances à venir suite à la crise énergétique mondiale qui accélère la chute des recettes pétrolières», fait-il remarquer. En fait, dit-il «ce pouvoir qui a placé de vastes zones du Sud sous souveraineté qatarie, vidé les caisses de l'Etat et offert le sous-sol et le sol, ne souhaite que gagner du temps». Sur la même longueur d'onde, le chef du MSP, Abderrazak Makri, considère que «le choc pétrolier a poussé le pouvoir à ressortir la carte de la révision constitutionnelle dans le seul objectif de gagner du temps». Le retard accusé par la révision de la Constitution est dû «à l'absence de la pression populaire», selon Makri. «Tout en parlant trop tardivement de la perspective de diversifier l'économie nationale, le pouvoir refuse de déterminer la responsabilité dans la gabegie des ressources de l'Etat durant ces 15 dernières années». Concernant la supposée porte laissée ouverte devant ceux qui n'ont pas participé aux consultations de Ahmed Ouyahia, le président du MSP souligne que «cela est du déjà-vu et entendu depuis 2011». Toutefois, la transition démocratique reste possible à travers la concrétisation des revendications de l'opposition à commencer par la création d'une instance indépendante et permanente de gestion des élections, l'organisation d'une présidentielle anticipée, l'élaboration d'une Constitution consensuelle et le lancement du nouveau processus électoral. «L'Etat est délabré, miné par les divisions; la rente s'est fondue et les tenants du pouvoir à Alger n'ont aucune volonté politique de construire un Etat démocratique», a affirmé l'ancien président du RCD, Dr Saïd Saâdi récemment à Sidi Aïch (Béjaïa). Pour Noureddine Bahbouh, dont le parti, l'Ufds, est membre de l'instance de suivi et de consultation de l'opposition (Isco), l'appel à l'opposition de joindre les rangs est un «bis repetita» du pouvoir qui dément l'existence d'une intention d'entreprendre un dialogue sérieux. «Appeler l'opposition à joindre les rangs dans le cadre d'une consultation n'est ni la forme ni la manière requise pour lancer un dialogue avec l'opposition», commente-t-il. Concernant les effets de la crise énergétique sur l'économie nationale, il dira que «le pouvoir utilise un discours démagogique alors que l'impact qui en découlera entraînera de lourdes conséquences. Il se répercutera sur l'arrêt du programme des équipements, le gel déjà annoncé des recrutements dans la Fonction publique et des mesures draconiennes d'austérité dans les différents secteurs ainsi qu'une inflation conséquente et une spéculation tous azimuts». Dans ce contexte, «un débat national doit être organisé pour chercher des moyens de nous prémunir de ce choc pétrolier», conclut-il. Pour rappel, dans le communiqué de la Présidence, il est souligné que la porte demeure ouverte devant ceux qui ne se sont pas encore associés à la consultation autour de la révision de la Constitution. Le même document rapporte que l'Algérie «est en mesure de traverser, sans difficultés majeures, les graves perturbations que connaît le marché international des hydrocarbures». Par ailleurs, le FLN et le RND apportent leur soutien indéfectible au président de la République.