Environ 300 personnes ont manifesté, hier à Tunis, après des informations contradictoires sur le sort de deux journalistes tunisiens, enlevés par des hommes armés depuis plus de quatre mois dans l'est de la Libye. «Nous sommes tous Sofiène, nous sommes tous Nadhir», proclamaient des pancartes brandies par les manifestants, en majorité de jeunes journalistes, en référence aux journalistes Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari. Dans un communiqué publié jeudi, la branche libyenne de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) a annoncé avoir exécuté les deux journalistes, une information qui n'a toujours pas été confirmée de source officielle. «L'information n'a toujours pas été confirmée. Nous demandons aux autorités tunisiennes de faire leur devoir, au moins en dévoilant la vérité», a clamé le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri. Le père de l'un des journalistes, Sami Ktari, a de son côté demandé aux autorités tunisiennes de «prendre ce sujet au sérieux». Le président Béji Caïd Essebsi a reçu hier les familles des deux jeunes journalistes mais n'a pas encore réagi publiquement à l'annonce. Le ministre des Affaires étrangères Mongi Hamdi a, pour sa part, indiqué que «l'information n'est jusqu'ici pas confirmée» ajoutant qu'il «espérait qu'elle soit fausse». «La question est très compliquée parce que nous ne savons ni qui les a enlevés, pourquoi et où il se trouvent (...). Si nous connaissions la raison de leur enlèvement nous aurions discuté, négocié. Mais nous n'avons rien», a-t-il reconnu. Sofiène Chourabi, un blogueur et journaliste très actif lors de la révolte de 2011, et le photographe Nadhir Ktari avaient été détenus une première fois le 3 septembre dans l'est de la Libye et libérés quelques jours plus tard. Ils auraient ensuite été arrêtés une nouvelle fois par un groupe armé et disparu dans la région d'Ajdabiya (est de la Libye) le 8 septembre. L'Algérie exprime sa solidarité avec les familles des journalistes tunisiens enlevés. Et le gouvernement tunisien, souhaitant leur retour sains et saufs auprès de leurs familles. «Nous suivons en Algérie, avec une grande préoccupation les informations provenant de Libye sur les journalistes tunisiens enlevés, en l'occurrence Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Ben Ali Cherif. «Tout en compatissant avec la corporation de la presse en Tunisie et en Libye, nous exprimons notre solidarité avec les familles des journalistes et le gouvernement tunisien, nous avons toujours espoir que Sofiène et Nadhir reviennent sains et saufs à leurs familles». «En de pareilles circonstances, nous réitérons avec force la condamnation des enlèvements par l'Algérie, quelsque soient leurs auteurs et leurs motifs», a conclu le porte-parole du ministère.