Les grands gagnants des attentats de Paris durant la semaine sont sans nulle doute les deux chaînes d'info continue BFM TV et Charlie Hebdo. En revanche un recul pour France 24 qui s'est contentée des débats. Une concurrence qui a poussé France 2 a improvisé une couverture continue sur la traque des auteurs des attentats. Des éditions spéciales depuis l'attaque meurtrière contre Charlie Hebdo les chaînes d'information en continu BFM-TV et i-Télé ont couvert sans relâche les dramatiques événements de la fin de semaine. La traque des frères Kouachi après l'exécution des journalistes de l'hebdomadaire satirique, les prises d'otages, le déploiement des forces de l'ordre, l'assaut, le bilan etc: les deux chaînes ont suivi minute par minute, étape par étape, répondant à une attente forte des Français de pouvoir se tenir informés en temps réel. Pendant trois jours, les deux rivales de l'info sur le petit écran ont battu tous leurs records d'audience passés. Loin en tête, BFM-TV a ainsi réalisé vendredi un score historique en réunissant, selon la chaîne, 13,3% du public sur l'ensemble de la journée, se classant pour la deuxième journée consécutive troisième chaîne de France derrière TF1 et France 2, qui ont réussi à battre les petites chaînes d'info par la qualité des intervenants. La veille, la chaîne du groupe NextRadio TV avait déjà capté 10,7% du public en moyenne. i-Télé, appartenant au groupe Canal+ a été la première à annoncer le nombre de morts dans la tuerie, elle a aussi enregistré un record de 4,2% de parts de marché après un score de 3,4% la veille et 3,8% mercredi. Scrutées de près par le régulateur de l'audiovisuel et les politiques, BFM-TV et i-Télé ont dès le commencement été prises en tenaille entre la nécessité d'animer l'antenne, le souci d'informer avec des données vérifiées et celui de ne pas perturber le travail des enquêteurs. Très vite pourtant, en dépit de l'esprit de responsabilité revendiqué par les chaînes, cette équation apparaissait difficile à tenir avec les fuites sur l'identité des agresseurs des journalistes de Charlie Hebdo. Et rapidement, les mises en garde se multipliaient. Dès jeudi, le Premier ministre français, Manuel Valls, appelait les médias à se montrer «particulièrement prudents». Le lendemain, c'était au tour du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) d'inviter les télévisions et les radios «à agir avec le plus grand discernement dans le double objectif d'assurer la sécurité de leurs équipes et de permettre aux forces de l'ordre de remplir leur mission avec toute l'efficacité requise». Un simple «principe de précaution» dans le contexte actuel qui «ne cible pas de médias en particulier», assurait l'entourage du CSA. Au lendemain du dénouement, les critiques sur la couverture médiatique restent nombreuses comme souvent, lors d'événements exceptionnels. BFM TV était ainsi accusée par la compagne d'un otage d'avoir mis en danger les personnes retenues par Amedy Coulibaly dans une épicerie juive, en évoquant la présence d'une femme cachée dans une chambre froide. Interrogé par Le Monde, Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV a catégoriquement démenti ces informations. Il a aussi rappelé que la chaîne a «retenu» et pas diffusé les informations obtenues en parlant au téléphone vendredi avec les deux preneurs d'otages, Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi. Samedi, Hervé Béroud était entendu par la police. [email protected]