Le Front des forces socialistes de Béjaïa veut opérer un forcing et renouer avec l'ambiance des manifestations populaires de rue. A défaut de marquer sa présence comme il a l'habitude de le faire lors des grandes dates à l'image du jour de l'An berbère, Yennayer, le FFS de Béjaïa choisit une autre date pour sortir dans la rue sur fond de motivations assez en vogue sur la scène politique locale. En effet, sa fédération locale a appelé les élus du parti au niveau de la wilaya à un rassemblement devant le siège de la wilaya le 20 janvier, à 11h. Pour ce faire, le FFS a choisi de motiver sa sortie par des revendications soulevées par différentes franges de la société. Une manière à lui d'épouser la cause citoyenne dans une conjoncture qui le place véritablement au bas du tableau. Quoi de mieux pour se refaire une virginité que de pousser le bouchon au plus loin. «Un plan spécial urgent pour le développement de la région» et une «commission d'enquête sur la gestion du premier magistrat de la wilaya, Hamou Ahmed Touhami», deux points assignés a cette manifestation qui n'a de valeur que de confirmer les positions de ce parti au niveau de la scène politique locale. Soumis à la pression par une opposition qui ne lui laisse presque aucune manoeuvre au niveau de l'Assemblée populaire de wilaya, le FFS choisit de répondre par une manifestation pour dénoncer «les manoeuvres malsaines du wali et l'instrumentalisation des relais maffieux dans la gestion des affaires de la wilaya», deux slogans pour dire tout simplement que ce que son groupe subit au sein de l'appui n'est que la conséquence d'une connivence entre l'opposition, forte de 22 élus sur les 43 que compte l'APW, et le chef de l'exécutif; ce dernier sera aussi pris pour cible dans ce que le FFS appelle le «bradage du foncier sous le couvert du Calpiref». Le parti d'Ait Ahmed ne s'arrête pas là puisque il prendra aussi pour cible les médias. «Le parti pris et la désinformation de la radio Soummam» est l'autre point assigné a la manifestation de rue du FFS, qui ne donnera pas cependant dans le document rendu public les motivations liées à ce point précis. Et comme pour boucler la boucle, le FFS exige «le raccordement au gaz de ville de toutes les localités» faisant fi du nouveau programme conséquent annoncé récemment en la matière. Le FFS, qui a failli capoter une réunion de haut niveau tenue en décembre dernier sur ce sujet de raccordement en gaz de ville lorsqu'une commission interministérielle s'est déplacée à Béjaïa, s'est rappelé, lui qui est aux commandes de la wilaya depuis plus de 15 ans, que la population est en manque de gaz de ville. Arrive enfin «le lancement effectif des grands projets», une répartition juste et équitable des PCD entre toutes les communes» et «une commission d'enquête sur la gestion douteuse du wali», trois mots d'ordre assignés au rassemblement du 20 janvier, qui laisse croire que le FFS n'est pas au pouvoir local si ce n'est sa manière de confirmer qu'il est d'opposition et qu'il ne détient plus les commandes de l'APW. Autrement, nul besoin d'une manifestation de rue pour faire valoir toutes ces revendications, certes, réelles, mais n'exigeant nullement de sortir de la rue si les élus font preuve réellement de leurs prérogatives d'interpeller toutes les parties concernées par ces manquements au sein de l'institution de l'APW. La rue porte tellement fort le fardeau des revendications des citoyens qu'elle ne peut supporter celle des partis présents dans les institutions où ils peuvent crier haut et fort les besoins des populations qui les ont élus. Mais là c'est tout une autre histoire ou comme dirait ce citoyen, c'est la manière au FFS de faire de la politique.