Après avoir échoué pour sélectionner un film français aux Oscars, le cinéma français compte sur la coproduction pour décrocher la fameuse statuette. Ainsi, après Le Ruban blanc de Michael Haneke, oeuvre franco-autrichienne, la France entend se faire récompenser à Hollywood avec le film mauritanien Timbuktu de Abderrahmane Sissako, qui vient d'être sélectionné dans la short-list dans la catégorie meilleur film en langue étrangère pour les Oscars 2015. C'est la productrice française Sylvie Pialat avec sa société, Les films du Worso qui sera aux anges. Sans elle, Abderrahmane Sissako n'aurait jamais pu produire son film et le présenter à Cannes et surtout aux Oscars. Le film Timbuktu raconte l'histoire d'un village malien terrorisé par les djihadistes qui y font régner leur loi. Entre la violence des terroristes et la lutte pacifique des villageois maliens contre une chari'a que des hommes en armes essaient d'imposer. Présenté comme une fiction, c'est à l'actualité qu'il colle. Même si parfois quelques scènes sont magnifiques: c'est le cas de cette scène où, parce que le foot est interdit par les djihadistes, les enfants miment, sans ballon, un match. Ou encore quand un groupe de jeunes qui chantent, poussent les djihadistes à chercher la maison d'où viennent les chants. Tout le film est construit autour de cette tension entre l'obscurantisme et la lumière. C'est la première fois qu'un film mauritanien est sélectionné aux Oscars. La Mauritanie, un pays sans cinéma, mais qui se maintient dans le giron du cinéma africain grâce à quelques oeuvres indépendantes. Lors des JCC de Tunis le film a échoué à décrocher un prix, même chose à Alger quand il est passé par le Festival du film engagé, même s'il a réussi à séduire le public algérois. Le film qui a été présenté au Festival de Cannes a décroché quelques miettes avec des prix mineurs: le Prix du jury oecuménique, qui récompense les films porteurs d'un message, et le prix François Chalais qui récompense les valeurs du journalisme contenues dans un film. Un fiasco pour ce film poétique qui souffre grandement de création artistique. Timbuktu était considéré comme un film très engagé sur la politique française dans le Sahel. Si Sissoko décroche l'Oscar, il devra remercier la France pour avoir soutenu financièrement le film. Timbuktu est le seul représentant de l'Afrique. Un continent qui n'a décroché que deux Oscars depuis la création de cette compétition prestigieuse. Z de Costa-Gavras pour l'Algérie en 1970 et Mon nom est Tsotsi de Gavin Hood pour l'Afrique du Sud. Même si la thématique Timbuktu est forte, le film demeure techniquement moyen. ça sera sans doute le maillon faible du film de Sissako devant la concurrence rude des autres films en lice pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Car il y a les films du camp européen de l'Est à leur tête Ida le film polonais de Pawel Pawlikowski, le film russe Léviathan de Andrey Zvyagintsev et le film estonien de Zaza Urushadze Tangerines. A cela s'ajoute le film argentin Wild Tales (Les Nouveaux sauvages). [email protected]