Ignorant la fronde de sa base, le «redresseur en chef» compte installer les commissions de wilayas dès la semaine prochaine. Les choses risquent bel et bien de dégénérer dès cette semaine dans les rangs du FLN, avec même de possibles affrontements, pareils à ceux que nous avions vus durant l'été 2003. En effet, alors que les coordinateurs de wilayas, organisés en cellule de crise, persistent dans leur rejet de la démarche suivie par Belkhadem, se permettant même de lui adresser un ultimatum, ce dernier maintient le cap suivi jusque-là, projetant même de commencer à installer les commissions de wilayas dès le début de cette semaine. C'est pour cette raison que ce week-end s'annonce décisif à plus d'un titre. Les coordinateurs de wilayas, qui indiquent contrer la démarche de leur coordinateur national afin de le «protéger» contre la manipulation des anciens pro-Benflis, comptent se réunir ce jeudi à Tizi Ouzou pour prendre les décisions qui s'imposent. C'est ce qu'indique du moins un communiqué parvenu hier à notre rédaction, signé par les neuf responsables de cette cellule de crise. Il ne fait pas de doute, comme nous le disent des sources proches de la direction du mouvement de redressement, que «des affrontements risquent de se produire dans le cas où Belkhadem persisterait dans sa démarche renonciatrice et entamerait la mise en place des commissions de wilayas, lesquelles risquent fort de tomber elles aussi aux mains des anciens pro-Benflis, qui se sont rendus coupables du grave échec du premier parti du pays». Les mêmes sources ajoutent, en effet, qu'elles n'auront pas d'autre choix que d'empêcher par la force la mise en place des commissions locales après avoir assisté impuissantes au «dévoiement de (leur) combat lors de la mise en place de la commission nationale, incluant des gens qui se sont distingués par leurs attaques contre le président et les institutions de la République». Les frondeurs se disent être dans leur bon droit à partir du constat que le mouvement de redressement, lors de ses dernières réunions, avant de faire jonction avec l'autre aile du FLN, avait insisté sur le fait que ce genre de personnes, au demeurant connues de tous, devaient impérativement rester en retrait en attendant la tenue du congrès. «Or, c'est loin d'être le cas», s'exclament les animateurs de cette cellule, assimilée, mi-figue mi-raisin à une sorte de mouvement de redressement du mouvement de redressement lui-même. Notre journal, pour rappel, avait donné cette semaine les noms des animateurs des quatre sous-commissions mises en place. Il s'agit de Djeghaba, Hadjar, Bouhara et Tou. Une manière pour Belkhadem, estiment les mécontents, «de dégager en touche puisque ce sont les partisans de la troisième voie qui ne voulaient pas se mouiller dans le conflit qui avait menacé le devenir du Fln, et peut-être même de l'Etat algérien, qui accaparent la belle part, en plus d'un pro-Benflis notoire chargé de préparer les festivités du cinquantenaire de la guerre de Libération nationale». Ainsi, et au moment où la crise connaît de nouveaux rebondissements, remettant en cause l'existence même de ce parti, des voix, certes isolées (mais pour combien de temps?), ne cessent de s'élever pour exiger la mise au musée de ce sigle, propriété de tout le peuple algérien. Dans tous les cas de figure, comme le précisent nos sources, nous y verrons plus clair dans cette affaire avant la fin de l'été puisqu'il ne fait aucun doute que Bouteflika ne saurait se complaire éternellement d'une coalition gouvernementale incluant un parti qui n'en est pas vraiment un.