Ce nouveau poste n'aurait été ajouté dans les statuts que dans le but de faire appel à cet homme, qualifié de «rassembleur». La rumeur relative à la possible participation de Bouteflika au 8e congrès du FLN, dit rassembleur, semble se confirmer de jour en jour. C'est du moins ce que nous confirment des sources proches de la direction du FLN, connues pour être proches aussi bien des Affaires étrangères, que du Palais d'El-Mouradia. Nos sources, en effet, soulignent clairement que «des contacts doivent être pris avec le premier magistrat du pays dans le but de le convaincre de se présenter au congrès et, pourquoi pas, de se présenter aux élections afin de devenir le premier président du FLN de toute son histoire». Rien ne dit, toutefois, que Bouteflika acceptera une pareille initiative alors qu'il s'est toujours déclaré dépasser les contingences et autres conflits partisans, s'estimant au contraire au-dessus de la mêlée et président de tous les Algériens, cherchant à réconcilier l'ensemble des Algériens entre eux. C'est, du reste, sur la base de cette démarche politique, portant réconciliation globale et nationale, que les partisans de l'appel lancé à Bouteflika comptent s'appuyer puisque le congrès en question, s'annonçant toujours sous de mauvais auspices, se veut être inscrit sous le signe du rassemblement, c'est-à-dire de la réconciliation. A notre question sur la légalité de la présence de Bouteflika alors que les redresseurs s'étaient justement dressés contre Benflis pour avoir fait appel à des militants ne totalisant pas cinq années de présence dans les rangs du parti, notre source rappelle que «la commission statutaire a décidé, avec l'accord de tous, de revenir aux statuts du 7e congrès. Or, ces derniers permettent à n'importe quel moudjahid, s'il n'a pas milité dans un autre parti, de se présenter au niveau de n'importe quelle kasma, de déposer son dossier et d'être élu par ses pairs comme congressiste». Ce n'est pas tout, outre le fait que Bouteflika est revenu au FLN après 1988 et le départ de Chadli, nos sources rappellent que «les redresseurs, en accord avec l'autre partie, ont décidé de suivre à la lettre la démarche rassembleuse en ouvrant le congrès aux anciens membres des directions successives du FLN». Or, nous rappelle ma-licieusement notre source, «Bouteflika a déjà été aussi bien membre du comité central que du bureau politique durant les années 70 et 80». Toujours est-il que nos sources vont jusqu'à souligner que «si Bouteflika refuse de se présenter en vue d'être plébiscité sans le moindre problème, tout porte à croire que le nouveau poste de président soit supprimé des statuts puisque, en l'état actuel des choses, personne d'autre ne le mérite, alors que la crise vécue depuis près de deux années déjà par ce parti n'exclut pas de nouveaux dérapages dans ce cas de figure précis.» Il est à rappeler, en effet, que selon la commission statutaire, qui devrait remettre sa copie à la commission nationale, que président Belkhadem et Djeghaba, le poste de président, inédit dans les annales du FLN, est attribué par élection de tous les congressistes, ce qui place l'heureux choisi nettement au-dessus du secrétaire général qui n'est élu, lui, que par les membres du comité central, au même titre que ceux du bureau politique. Sur le plan des nouveautés, toujours, notre source dément catégoriquement que «Belkhadem ait évoqué la date butoir du mois d'octobre pour la tenue de ces assises rassembleuses». Notre source, qui garde une grande prudence vis-à-vis de cette question, précise que «pas mal d'étapes doivent encore être franchies avant qu'il ne soit enfin question de fixer cette date». Entendre par là que la question n'aurait jamais été officiellement soulevée. Bref, «s'il est possible que les commissions de wilayas soient installées dès le début de la semaine prochaine, la démarche n'en demeure pas moins tributaire de deux facteurs prépondérants». Le premier a trait à la réaction des fameux «redresseurs libres» qui promettent des affrontements dans le cas où Belkhadem persiste dans sa démarche. La seconde concerne la composition humaine de ces instances locales. Notre sources évoque, à ce propos, d'âpres débats puisque, si les députés et les mouhafedhs sont admis d'office, les coordinateurs, eux, ne représentant aucune structure légale, risquent fort d'être exclus, ce qui ne fait que conforter les craintes des redresseurs libres. Notre source ajoute que «lorsque les textes des quatre sous-commissions seront finalisés, probablement au début de la semaine prochaine, ils seront soumis à la commission nationale pour débat et enrichissement». Nul doute que l'opération prendra encore une semaine ou deux. Ce n'est qu'à ce moment que les textes «finaux» seront transmis aux commissions de wilayas afin de subir la même opération. Il faudra donc que les 48 commissions, de même que celle de l'émigration, en aient fini avant que la commission nationale se penche de nouveau sur ces monceaux de papiers et n'en fasse enfin la synthèse. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'il deviendra possible d'élire les délégués, mais aussi d'envisager la date des assises régionales, au nombre de quatre, ainsi que celle du 8e congrès, dit rassembleur. Ce son de cloche est plus proche de la réalité que les spéculations qui ont circulé jusque-là à propos de la tenue de cette rencontre avant le Premier Novembre, cinquantenaire de la Révolution algérienne.