Une liste de 30 personnes «indésirables» risque d'être publiée dans les prochains jours. De nouveau, rien ne va plus dans les rangs du FLN. Alors que le 8e congrès, dit rassembleur, était annoncé pour la seconde moitié de ce mois, voilà que la situation dégénère de nouveau. La meilleure preuve en est la rencontre qui a regroupé jeudi passé, comme nous l'apprenons de sources dignes de foi, pas moins de 14 ministres ainsi que la plupart des membres du mouvement de redressement du FLN. Extrêmement importante, la rencontre, dont ni la teneur ni même le lieu n'ont jamais été rendus publics auparavant, a débouché sur des résolutions consistant, notamment en un ultimatum lancé à Abdelkrim Abada et son fameux groupe des douze. La raison semble en être toute simple. «le 5 juin, à la veille de la fusion entre le mouvement de redressement et le bureau exécutif issu de la session du comité central du FLN, toutes ces instances devaient être dissoutes pour ne laisser place qu'à la commission nationale de préparation du congrès». Or, comme il paraît loisible de le constater, si le mouvement de redressement a cessé d'exister sur instruction ferme d'Abdelaziz Belkhadem en personne, il semble que le fameux groupe des douze, conduit par Abdelkrim Abada et Mohamed Djeghaba, ait continué d'activer. Aux yeux des participants à la rencontre de jeudi dernier, «le fait même d'avoir laissé ouverte la session du comité central issu du 7e congrès répond à la manoeuvre entreprise depuis le début en vue de réduire à néant le mouvement de redressement et de reprendre le contrôle du Fln». Il est rappelé, à ce propos, le reproche fait publiquement aux redresseurs de ne pas avoir soutenu l'ancien candidat du FLN, mais aussi la convocation du comité central alors que sa session devait être simplement clôturée dans le but de laisser travailler souverainement la commission nationale de préparation du 8e congrès. Mais le Rubicon, dans cette affaire dont la complexité commence à dépasser toutes les limites de l'entendement, semble bel et bien avoir été franchi lorsqu'en l'absence de Belkhadem, en mission à New York dans le cadre de l'assemblée générale de l'ONU, Abdelkrim Abada a décidé d'envoyer, le week-end passé, l'ensemble des ministres et membres de l'ancien bureau national du mouvement de redressement au niveau des mouhafadhas dans le but, «affiché», de rassembler les rangs. Nos sources, qui précisent qu'«aucun redresseur, et encore moins les ministres, n'ont obtempéré à cette instruction», ajoutent qu'«Abada a cherché à piéger le mouvement en lui faisant reconnaître des mouhafedhs mis en place par Benflis, mais aussi des structures dont la légitimité a été clairement remise en cause par des décisions de justice rendues au nom du peuple algérien». Nos sources indiquent ainsi qu'«Abada, qui n'a jamais cessé de manoeuvrer afin de maintenir son groupe en pole position, allait réussir un véritable coup de maître à travers sa circulaire, si les figures de proue du mouvement de redressement étaient tombés dans la panneau». Toujours est-il qu'un ultimatum d'une semaine a été adressé à Abada à l'issue de cette rencontre. Passé ce délai, nous dit-on encore, «s'il n'est pas procédé à la dissolution du fameux groupe des douze et la fermeture de la session du comité central du FLN, on pourrait voir revenir en force le mouvement de redressement, lequel a déjà eu à montrer son poids, et qui a pris encore plus de force et d'envergure à la suite de l'élection présidentielle du 8 avril passé». Le mouvement de redressement, fort d'une décision de justice rendue en sa faveur, compte, le cas échéant, exiger son application séance tenante. Celle-ci, qui invalide le 8e congrès du FLN, dénie également toute légitimité à l'ensemble des instances et décisions qui en ont résulté depuis. Il en va ainsi pour les mouhafadhas, que les redresseurs refusent donc de reconnaître en tant que telles. Ce qui est demandé, en fait, c'est que le même schéma qui a été appliqué (en partie) à l'échelle nationale, le soit également aux échelons locaux. Entendre par là que les mouhafedhs sont tenus de se fondre dans la masse des redresseurs, quitte à ce qu'il y ait, momentanément, deux responsables, en attendant que le congrès tranche. Visiblement chauffés à blanc, comme la démonstration en a été faite à Constantine, lorsqu'Ababa a été violemment pris à partie par des redresseurs, ces derniers menacent de rendre publique dans les prochains jours une liste de trente personnes décrétées persona non grata, pour s'être rendues coupables d'atteinte aux institutions de la République, notamment au chef de l'Etat. Il est donc clair qu'au point où vont les choses, le congrès du parti n'aura pas lieu dans les délais d'autant plus que les commissions de wilaya, chargées de préparer ces assises, n'ont pas encore été installées.