«Le gouvernement doit rendre publiques les clauses des contrats sur le gaz de schiste déjà signés.» Le gaz de schiste n'est pas tombé avec le premier forage expérimental, il fait partie de la question énergétique du pays, a déclaré hier Dr Rachid Halit, membre de l'instance présidentielle, lors d'une conférence de presse tenue au siège du parti à Alger. Cette conférence intervient au lendemain de la réunion du conseil national.«Ce type de question doit faire non seulement l'objet d'un consensus ou d'un accord avec les populations directement concernées, mais plus largement nous revendiquons un consensus sur les questions de l'avenir énergétiques à l'échelle nationale», a-t-il déclaré. Le FFS avait, pour rappel, boycotté la séance du vote sur la loi sur les hydrocarbures en raison d'absence de débat. «Il n' y a pas que le problème du gaz de schiste, il y a d'autres problèmes à Ghardaïa, en Kabylie. Les vrais enjeux derrière toutes ces questions sont peut-être éludés», a souligné M.Halit. En réponse à une question sur l'évaluation de la démarche de son parti pour la reconstruction du consensus national, M.Halit affirme que «le vrai clivage est entre ceux qui veulent le consensus national et ceux qui ne veulent pas. Le consensus national est un marathon et il ne se fait pas dans la précipitation». Sans incriminer ni citer qui que ce soit, il fait savoir qu'il existe «des adversaires du consensus national qui s'adonnent à des manoeuvres de division et de diversion». Qui sont ces adversaires de la construction du Consensus? En faisant allusion aux acteurs de la Cnltd, notamment l'ancien président du RCD, Dr Halit explique: «C'est dans l'action que ces derniers se dévoileront par eux-mêmes.» Mais, poursuit-il: «Réactiver les archaïsmes, faire des surenchères d'apparence démocratique, convoquer des conflits anciens en matière historique, n'ira pas dans le sens du Consensus.» Plus précis, il ajoute «je ne crois pas que nous ayons besoin, en ce moment, de politiser l'histoire, d'instrumentaliser la religion, de faire ressurgir le régionalisme car cela ne va pas en faveur du consensus». A propos des manifestations anti-gaz de schiste au sud du pays, il estime que «la nouveauté est ce mouvement populaire au Sud qui a d'abord l'apparence d'une mobilisation citoyenne que nous saluons. Mais il faut attendre quand même un peu pour voir et explorer toutes les dimensions de ce mouvement». Les revendications des citoyens «sont légitimes parce que la population a peur des techniques mises en oeuvre et des risques qui pourront en découler en matière d'impact sur l'environnement et sur leur santé». Cependant, M.Halit a noté le fait que «l'on n'a pas cessé d'amplifier et de cultiver cette peur». Et «certaine presse et des animateurs sont pour quelque chose». S'agissant de la position du FFS sur cette question: «Il faut d'abord arrêter de faire peur. Ce dont le pays et les citoyens du Sud ont besoin est un débat dépassionné, apaisé et objectif sur cette question», réitère -t-il. Dans ce contexte, il estime que «la responsabilité sociale de la presse est particulièrement engagée et doit éviter notamment de jouer avec la peur de la population dans cette situation très délicate». Et de souligner que «les pouvoirs publics ont péché par un manque de transparence sur les risques et les nuisances associées à ces techniques et sur la façon de les contrôler et les atténuer». De ce fait, juge-t-il «un débat porté sur l'exploration et l'exploitation associant les pouvoirs publics ainsi que les associations et les milieux scientifiques doit être organisé». Et surtout «le débat mériterait également de porter sur le cadre juridique et les contrats déjà signés. Car ce genre d'accords sont, en fait, signés à la fois pour l'exploration et l'exploitation de ces gisements». Par conséquent, «le gouvernement doit rendre publics les termes de ces contrats pour savoir s'ils contiennent des clauses de sauvegarde ou un principe de précaution. «Dans le cas contraire, on se retrouvera demain prisonniers de ces accords signés avec les firmes étrangères», a-t-il déploré. Revenant sur la question de l'énergie, il indique que «le pays doit conserver l'intégralité de ses décisions sur la souveraineté de son sous-sol en adaptant le cadre juridique et législatif sur ces questions». A propos de la question de participation au gouvernement de coalition ou d'union nationale, il dira que cette question «n'est pas encore posée». Toutefois, «la vraie question est que le pouvoir manifeste d'une façon claire une volonté politique d'associer les acteurs concernés et la population à la définition des politiques à venir. Nous sommes d'une période charnière qu'il s'agit de bien exploiter».