Les coordinateurs des wilayas appellent le coordinateur national à présider la commission parallèle qu'ils vont créer. De Djelfa à Oran, les péripéties de la crise qu'a eu à vivre la première formation politique du pays, ne connaîtront pas, de sitôt, leur épilogue. De mal en pis, la scission «fratricide» qui a affecté, depuis quelque temps, les rangs du mouvement de redressement, s'exacerbe au fur et à mesure que se dessine, de loin, la tenue du huitième congrès bis et à chaque fois aussi qu'est remise en cause, par l'aile dissidente de l'actuelle direction, en l'occurrence les coordinateurs de wilaya, la composante de la commission nationale chargée de la préparation du congrès «réunificateur» dont les membres furent désignés par le bureau provisoire du FLN. Ainsi, au lendemain du communiqué dans lequel les coordinateurs de wilaya avaient reproché, non sans virulence, au président de la commission de préparation du congrès, Abdelaziz Belkadem, d'avoir favorisé les pro-Benflis, lors la désignation des membres des commissions de wilayas qu'il s'apprête à mettre en place, le porte-parole des néo-redresseurs, Tayeb Yennoun, que nous avons joint hier par téléphone, menace de radicaliser son opposition dans le cas où la direction actuelle ne mettrait pas le holà, autrement dit, en mettant à l'écart «Abbada et sa clique» et avant qu'il ne soit «trop tard». Car, si Belkhadem persiste dans cette voie «suicidaire», la riposte que les coordinateurs «libres» affirment «minutieusement» ébaucher, sera sans complaisance, sans que cela n'entraîne pour autant des affrontements entre les militants les deux parties belligérantes, chose que la presse avait, selon M.Yenoun, largement amplifiée: «Nous sommes contre l'affrontement» se disculpe notre interlocuteur, aux yeux de qui, l'urgence est notamment d'ouvrir un dialogue franc et sincère avec la base militante, qui, exclue de la sphère décisionnelle, fait les frais de la gestion «chaotique» de la haute instance qui dirige le parti. Plus loin encore, le porte-parole des coordinateurs dénonce: «Belkhadem dont le cumul de fonctions ne lui permet pas de maîtriser toutes les données, demeure victime de son entourage et perd de ce fait sa mainmise sur le parti». C'est pourquoi, nombreux ont été ceux, allusion aux pro-Benflis, qui ont «trahi» dans le passé la ligne du parti, dans les commissions de wilayas que le coordinateur national peine à installer. Mais la force de frappe que s'apprêtent à mettre en branle les coordinateurs de wilayas au cas où la direction actuelle du parti continuerait de faire la sourde oreille, est l'installation prochaine d'une commission parallèle de préparation du 8e congrès bis. La cellule, mise en place par les concernés au cours de la rencontre d'Oran, il y a une quinzaine de jours, s'attelle depuis, à peaufiner, au moindre détail, cette commission qui a lancé un appel à Abdelaziz Belkhadem pour la présider. Pourquoi alors Belkhadem? «Bien que nos approches politiques diffèrent, il (Belkhadem) reste à nos yeux, le seul homme qui ait les qualités d'un véritable réunificateur... Notre confiance en lui est grande», a remarqué M.Yennoun. Que l'idée de faire venir le coordinateur national du mouvement de redressement à la tête des «autres» redresseurs paraisse, pour les uns peu probable voire illusoire, notre interlocuteur, lui, ne perd pas pour autant l'espoir de créer la surprise: «Je ne pense pas que ce dernier refuse l'appel de la plus grande partie de la base que nous sommes», lâche-t-il, sur un ton curieusement rassurant. D'ailleurs, les préparatifs confiés à la cellule de crise vont bon train. Des personnalités de divers horizons politiques seront, à en croire notre source, invitées à prendre part au congrès réunificateur. Par ailleurs, l'idée d'installer des commissions de wilayas parallèles fait son petit bonhomme de chemin bien que l'assentiment de Belkhadem reste incertain. Mais dans le cas où ce dernier continuerait à adresser une fin de non-recevoir à l'offre des coordinateurs, M.Yennoun lui fera porter l'entière responsabilité des «lourdes» conséquences que cela engendrera. «Je prendrai à témoin, si tel est le cas, l'opinion nationale quant au risque de laisser les rênes du parti entre les mains de ceux qui se sont opposés au président de la République lors de la présidentielle», a menacé celui-ci, qui estime toutefois, prématuré, de se prononcer définitivement sur cette question car le coordinateur national est toujours en congé: «Nous attendons son retour pour trancher sur la voie à suivre», a-t-il conclu.