Les protestataires ne décolèrent pas Un retour à la case départ dans la conciliation de la contestation anti -gaz de schiste à In Salah? Alors qu'on pensait que la mobilisation anti-gaz de schiste arrivait à sa fin, c'est tout à fait le contraire qui s'est produit ce week-end. Les «indignés» du gaz de schiste ont retrouvé un second souffle pour célébrer le premier mois de leur mobilisation historique. C'est ainsi que plusieurs actions de protestation ont été enregistrées durant le week-end dans plusieurs villes du Sud. Comme au début du mouvement, le vent de la colère a soufflé sur cette région sensible du pays. De Ghardaïa à In Salah en passant par Ouargla, des manifestations, des actions de protestation contre l'exploitation du gaz de schiste ont été organisées par des citoyens en colère. Des dizaines de personnes ont observé un sit-in «pacifique» au niveau de la place «Souk Lahdjar» de Ouargla, pour réclamer l'arrêt du projet «d'exploitation du gaz de schiste». Ces manifestants ont hissé des banderoles contre l'exploitation de cette énergie non conventionnelle. Lors de cette manifestation, des intervenants ont mis en avant «les risques du projet sur l'environnement et la santé humaine, liés à l'usage des produits chimiques durant la phase d'exploitation de cette énergie», avant de se disperser dans le calme. Les manifestants de Ouargla ont même menacé de transformer leur mouvement en un sit-in permanent comme à In Salah. Dans la commune de Metlili (45 km au sud de Ghardaïa), une centaine de citoyens se sont rassemblés, le même jour, pour dénoncer le projet d'exploitation du gaz de schiste à In Salah. Même le Nord a été touché par ce vent du Sud. A Batna (Est), quelque 200 personnes se sont rassemblées pour exprimer leur opposition à l'exploitation du gaz de schiste. En parallèle, le mouvement de protestation contre l'exploitation du gaz de schiste s'est poursuivi à In Salah (wilaya de Tamanrasset). Une grande marche qui a réuni des milliers de personnes a même été organisée. Elle s'est ébranlée dans les principales artères de la ville, avant que les manifestants ne rejoignent le sit-in qui se tient depuis plus d'un mois devant le siège de la daïra de In Salah. C'est un retour à la case départ qui se profile dans ce conflit. On pensait que les manifestants avaient été convaincus par le discours du président de la République de mardi dernier. Abdelaziz Bouteflika, avait indiqué, lors d'un Conseil restreint, que les forages tests initiés à In Salah, «seront achevés à très brève échéance et que l'exploitation proprement dite de cette énergie nouvelle n'était pas encore à l'ordre du jour». M.Bouteflika a précisé également que «si l'exploration de ces nouvelles ressources nationales en hydrocarbures s'avère une nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long terme, le gouvernement devra cependant veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l'environnement». Un discours qui avait convaincu les protestataires et essoufflé le mouvement. Séduits par les promesses du chef de l'Etat, les manifestants ont néanmoins demandé des garanties avant d'arrêter définitivement le mouvement. Un groupe de représentants des contestataires de In Salah devait être reçu par les pouvoirs publics à Alger, pour débattre ce sujet et surtout les garanties de l'engagement du président. Mais aux dernières nouvelles, les manifestants auraient préféré décliner l'invitation des autorités. La «base» du mouvement que sont les citoyens de In Salah n'est pas emballée par l'envoi de cette délégation à Alger. Elle estime que l'envoi d'une délégation à Alger n'est pas forcément importante, mais c'est bien l'arrêt des forages qui compte. C'est donc un nouveau coup dur pour les négociations ce qui a vite fait réagir les autorités qui vont envoyer une délégation parlementaire à In Salah. Les membres de la commission économique à l'APN vont se déplacer, d'ici la fin de la semaine, dans cette ville du Sud pour une énième tentative de conciliation. En attendant, In Salah continue de désapprouver... le gaz de schiste!