Au cours des deux procès, il a toujours refusé d'admettre les chefs d'accusation retenus contre lui. Le journaliste et militant des droits de l'Homme, Hafnaoui Ghoul, n'a pas comparu, hier, devant le tribunal de Djelfa à cause de son état de santé, jugé «critique». Ce nouveau procès intervient à la suite de la «fameuse» missive adressée par le journaliste au procureur général de Djelfa et dans laquelle il avait exprimé «son désarroi et sa grogne» quant aux chefs d'inculpation retenus contre lui. En parlant du triste scénario qui l'a conduit aux portes de la geôle, Hafnaoui Ghoul témoigne, à travers la lettre en question, que sa peine a été décrétée «en toute hâte». Celle-ci, ajoute le rédacteur de la lettre, «était entachée de considérations typiquement politiques». A deux reprises, rappelons-le, le journaliste a été condamné à trois mois de prison ferme pour «outrages et insultes» à l'encontre des responsables locaux de la wilaya de sa résidence. M.Ghoul a été condamné aussi pour l'affaire des «600 milliards» que le wali de Djelfa aurait dilapidés et que Ghoul a dénoncé dans les colonnes du quotidien Le Soir d'Algérie. Au cours des deux procès, Hafnaoui Ghoul a toujours refusé d'admettre les chefs d'accusation retenus contre lui. A l'inverse, le parquet exclut la crédibilité de la version énoncée par M.Ghoul. Car, a-t-on précisé, sa condamnation repose «indiscutablement» sur «une affaire de calomnie et d'insultes à l'encontre des instances locales de la wilaya de Djelfa». Le procès est donc reporté, car le journaliste, éreinté par la lourdeur des journées de grève de la faim, n'arrive pas «à se tenir sur ses deux jambes». Dans la salle d'audience encore boudée aux petites heures qui précédèrent l'ouverture du procès, la nouvelle a été accueillie avec mélancolie par «la vingtaine» de personnes venues soutenir le journaliste incarcéré. Dans la lettre que le journaliste avait adressée, à partir de la prison, à sa fille, et qui a été publiée dans les colonnes des journaux, Hafnaoui Ghoul n'a pas mâché ses propos à l'égard des instances judiciaires et administratives de la wilaya de sa résidence. L'expéditeur déclare que toutes les affirmations du procureur général de Djelfa sont «infondées» et visent à «salir l'image d'un journaliste». D'ailleurs, a-t-il renchéri, cette «peine» s'inscrit dans le cadre des «campagnes répressives visant à bâillonner la presse». Les jours passent, mais «l'indignation» est restée bien perceptible dans l'esprit du journaliste qui, à travers les propos contenus dans la missive, n'arrive pas à avaler les reproches brandis contre lui. Sa famille ne cesse, jusqu'ici, de montrer les signes d'une profonde inquiétude, notamment après les symptômes de faiblesse qui se sont manifestés suite à la détérioration de son état de santé.