Bien qu'ils fussent importants, les efforts des pouvoirs publics pour éradiquer le commerce informel sous toutes ses facettes n'ont pas réussi à guérir cette plaie qui gangrène les circuits officiels du commerce. Les services du ministère du Commerce ont décelé des transactions commerciales non facturées pour une valeur de 206,5 milliards de DA soit l'équivalent de deux milliards de dollars, a révélé le ministre du secteur, Amara Benyounès. «Nos opérations de contrôle ont permis, durant les quatre dernières années, la découverte d'opérations commerciales sans factures d'un montant de 206,5 milliards de DA, soit une moyenne annuelle de 51,6 milliards de DA», a indiqué le ministre lors d'une journée d'information sur l'économie informelle. Relevant la difficulté de cerner avec exactitude l'étendue de ces activités commerciales illicites, M.Benyounès a souligné que ce phénomène affectait plusieurs branches d'activités notamment celles des services, de l'industrie de transformation, de l'agriculture, du commerce extérieur et de la distribution. Selon lui, l'expansion de l'informel, qui constituait de par le passé un «refuge» pour une frange minime d'une population sans revenus, obéit de plus en plus à des «objectifs occultes», à des motivations du gain facile, à l'enrichissement illicite et à l'évasion fiscale. A cet effet, le ministre a mis en garde contre la menace «sérieuse» d'une persistance de ce phénomène sur l'outil de production nationale. Soulignant les efforts consentis par les pouvoirs publics pour atténuer cette activité illégale, M.Benyounès a relevé, toutefois, la faiblesse de la grande distribution et le déficit avéré en infrastructures commerciales. Bien qu'ils fussent importants, les efforts des pouvoirs publics pour éradiquer le commerce informel sous toutes ses facettes n'ont pas réussi à guérir cette plaie qui gangrène les circuits officiels du commerce dans ses aspects fiscaux, de santé, de sécurité et environnementaux. «Bien que ce type de commerce soit socialement utile», dixit le ministre du Commerce Amara Benyounès, dans son intervention hier à Alger devant les participants à une «Journée d'étude sur l'économie et le marché informel», de nombreuses mesures ont été prises par les pouvoirs publics a indiqué le ministre qui a énuméré une à une les dispositions arrêtées pour lutter contre ce phénomène. Prenant la parole auparavant, le directeur central des études et de la prospective de ce ministère, M. Abdenour Hadji en l'occurrence, a indiqué que «sur les 1368 marchés informels recensés à l'échelle nationale, 872 ont été éradiqués, soit 64% des sites existants». Il a fait savoir que «18.878 parmi les 41.616 opérateurs, soit 45%, ont été réinsérés dans 768 nouveaux marchés de proximité, dont le budget de construction a atteint 12 milliards/DA, pour y exercer en toute légalité». Citant quelques chiffres édifiants, il regrettera qu'il a été constaté que 103 marchés informels sont réapparus dont 57 dans la wilaya d'Alger, 15 à Tébessa, 13 à Blida, deux à Aïn Defla et un à Tiaret. Cet état découle notamment des retards liés à la livraison des infrastructures de commerce destinées à l'insertion des commerçants informels. Dès août 2012, soit après la tenue du premier colloque sur l'économie informelle, en mars 2012 sous le slogan «Les pistes d'une transition vers la formalisation» du commerce parallèle, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et celui du Commerce avaient entamé de concert une vaste opération d'éradication de ces marchés qui génèrent des pertes financières considérables à l'Etat du point de vue fiscal. Le ministère du Commerce a lancé des programmes pour la réalisation de huit marchés de gros de fruits et légumes, de 291 marchés couverts et de 768 marchés de proximité et autres infrastructures. Appuyant cette politique de réinsertion, le ministre Benyounès n'a pas manqué de rappeler qu'un plan complémentaire de réalisation de marchés couverts pour résorber le déficit en infrastructures commerciales est prévu. Le financement de cette action s'élève à 10 milliards de dinars dans le cadre du plan quinquennal 2010/2014. Le ministre citera les différents avantages fiscaux accordés aux commerçants intéressés comme l'exonération (à titre transitoire) de l'impôt unique (IFU) pour les deux premières années d'activité. Une période de trois ans sera gratifiée d'un abattement de 70% pour la première année et 50% pour la seconde pour diminuer à 25% pour la troisième et la dernière année. Benyounès a informé de la réhabilitation de 32 marchés de gros et de 241 marchés de fruits et légumes pour un montant global de 5,9 milliards de dinars, un plan qui a été initié, dira-t-il, depuis 2007. S'agissant des marchés de gros, Benyounès a indiqué qu'il a été procédé à la création d'une entreprise publique économique «Magros»avec le statut juridique d'une société par actions qui a pour mission la réalisation et la gestion des marchés de gros dans tous les domaines, dont celui des fruits et légumes. Ainsi, le programme de développement prévoit entre 2014-2016 la réalisation de huit marchés de gros d'envergure régionale et nationale, conformément aux standards internationaux en la matière.