La mission des policiers des frontières n'est pas seulement de vérifier les documents de voyage. «Je ne connais de la police des frontières que l'agent qui appose le tampon humide sur mon passeport lors d'un voyage. Quelles sont ses autres missions? s'occupe-t-elle d'autres choses? je n'en sais rien», lance un confrère avant la tenue de la conférence de presse à laquelle nous étions conviés par la Direction de la police des frontières. La première du genre. Et c'est là que prend tout son sens la dernière décision du directeur général de la sûreté nationale, M.Ali Tounsi, demandant à toutes ses structures de communiquer dorénavant avec les organes de presse. Facilitations appréciées L'instruction est parvenue aux différents services de police au lendemain de l'annonce de cette importante décision par le D.G lui-même au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue à l'école de police de Château-Neuf, il y a quelques semaines. C'est grâce à cette dynamique que nous avons eu droit mercredi dernier à un déjeuner-débat très convivial au siège de la Direction de la police des frontières, au cours duquel beaucoup d'entre nous ont été édifiés. Nous avons appris par exemple que la suppression des formalités de la carte du Service national lors de la sortie du pays et même l'autorisation paternelle qui n'est plus produite par les mamans voyageant avec leurs enfants mineurs, ne sont le fait ni d'une loi ni d'une quelconque décision gouvernementale mais d'une initiative qu'a bien voulu prendre la Dgsn dans le cadre des facilitations accordées aux citoyens lors de leur voyage. Alors que le ministère de la Défense nationale a avalisé la proposition de la Dgsn qui consiste à ne plus exiger la carte du service national, pour le cas de l'autorisation paternelle, l'initiative est tributaire du nouveau code de la famille qui sera voté par le parlement. En plus clair, l'initiative de la Dgsn ne peut être que temporaire et si les chambres pour une raison ou pour une autre ne suivent pas, tout sera remis en cause. La Dgsn a étalé son initiative jusqu'au 15 septembre prochain. Au-delà, tout dépendra de la loi qui sera adoptée. Ainsi donc, la police des frontières a pris sur elle de supprimer des contraintes qui pesaient lourd sur le sacro-saint principe de la libre circulation des personnes. Pourtant, ces mesures de facilitation viennent en sus des autres missions autrement plus sensibles dévolues à la police des frontières comme celles de la lutte antiterroriste ou encore celle de la protection de l'économie nationale. Sans compter celle de l'immigration clandestine ou encore celle de la drogue. En fait, ce sont tous ces fléaux qui convergent aux points frontaliers et contre lesquels les policiers ont pour mission absolue de lutter. Mais comment font-ils et comment est-il possible de le faire? Avec un effectif de près de 6300 éléments, la police des frontières a la lourde responsabilité de la sécurité de 7011 km de frontières terrestres sur lesquelles sont répartis 25 postes de police. A cela s'ajoutent les 1200 km de frontières maritimes où l'on compte 18 ports (marchands, de plaisance et de pêche). Et ce n'est pas tout. Les policiers sont également présents dans les 31 aéroports du pays dont 10 assurent des vols internationaux. Un travail harassant surtout dans les zones de l'extrême Sud. Dans le Nord se sont les pics de trafic dans les ports et aéroports lors d'événements conjoncturels comme le pèlerinage, la Omra ou la saison estivale comme c'est le cas en ce moment. S'agissant d'un prébilan de la saison (car elle ne sera clôturée que le 15 septembre prochain), le commissaire divisionnaire, Rabah Boucenna, assurant l'intérim du directeur de la police des frontières actuellement en congé, nous apprend que du 1er juin au 20 août de cette année, les postes de police aux frontières (terrestres, maritimes et aériens) ont eu à traiter quelque 750.000 entrées dans le territoire national et 550.000 sorties. Ceci pour les nationaux. Quant aux étrangers, leurs mouvements auront été de «125.000 entrées et 114.000 sorties». Des chiffres qu'il est prématuré de comparer à ceux de l'année dernière vu que la saison bat encore son plein, mais une nette tendance à l'augmentation du trafic est d'ores et déjà visible. Tâches multiples Cela dit, la mission des policiers des frontières n'est pas seulement de vérifier les documents de voyage comme l'avait exprimé notre confrère sur le ton de la plaisanterie. Leurs tâches sont multiples. Cela va de la routine de simple police aux enquêtes de police judiciaire en passant par le renseignement et les brigades d'intervention. «Dans un aéroport comme celui d'Alger la structure de la PAF est identique à celle d'une sûreté de wilaya», nous a confié un policier en marge de la conférence. En effet, les policiers aux frontières ont à lutter contre tous les fléaux existants dans notre société avec comme point d'orgue la sécurité maximum dans la circulation des personnes et des biens. En leur qualité d'OPJ (officier de police judiciaire), il leur est fait obligation d'intervenir dans tous les délits qu'ils constatent même dans les infractions économiques comme cela a été le cas dans la prise des 53 kg d'or saisis aux aéroports de Biskra et Alger. Ils ont également à faire face au phénomène de l'immigration clandestine qu'elle vienne du sud du pays ou qu'elle tente de franchir la Méditerranée. Devant l'ampleur de ces mouvements et l'immensité du pourtour géographique du pays à quoi s'ajoutent des considérations humaines, économiques et politiques, la Dgsn vient de décider la création d'un Office national de lutte contre l'immigration clandestine qui sera placé sous l'autorité de la Direction de la police des frontières. Un vaste programme sur lequel nous aurons l'occasion de revenir.