C'est devenu un truisme quasi banal que de dire et de répéter sans cesse que l'eau est une ressource rare et précieuse. Le plan Orsec ne devrait pas être appliqué avant la fin du mois de mai 2005 et cela quelque soit le climat et le taux de pluviométrie qu'enregistrera l'Algérie d'ici à cette date. D'autant que cette année a été marquée par une pluviométrie des plus importantes. «Le spectre de la pénurie d'eau potable est éloigné pour le moins jusqu'au mois de mai 2005 environ» a affirmé le ministère des Ressources en eau dans une dépêche rapportée par l'agence APS et cela «même s'il ne pleut pas d'ici cette date». La demande en eau potable de la population et la disponibilité en eaux d'irrigation seront satisfaites en grande majorité jusqu'au 1er trimestre 2005. Cependant, un certain sens de civisme et de pondération est exigé de la population pour préserver cette denrée vitale et prévenir toute surprise ou aléa météorologique. D'autant que l'Algérie se situe parmi les pays les plus pauvres en matière de potentialités hydriques, soit en dessous du seuil théorique de rareté, fixé par la Banque mondiale à 1000 m3 par habitant et par an. En outre, et selon le rapport du Cnes, les potentialités en eau du pays sont estimées à un peu moins de 20 milliards de mètres cubes, dont 75% seulement sont renouvelables (60% pour les eaux de surface et 15% pour les eaux souterraines). Le département de Abdelmalak Sellal a basé ses conclusions sur le fait que le mois de mai dernier aura été un bon mois en apport pluviométrique, en témoignent les apports enregistrés dans l'ensemble des 52 barrages en exploitation. Le niveau de ces barrages a atteint les 455,5 millions de m3 . Ce qui représente, en termes plus clairs, deux tiers de plus que l'année dernière. Pour ce qui est des réserves en eau retenue dans les 52 barrages, elles sont passées durant le mois de mai 2004 de 2,71 milliards/m3 à 2,84 mds/m3 soit un volume de stockage de 128,4 ml/m3. A titre comparatif, pour la même période de l'année 2003, cet apport n'avait atteint que 88,4 millions/m3, il y a donc une augmentation de volume fort appréciable de l'ordre de 367,1 millions/m3. Les chiffres avancés sont fort éloquents en la circonstance. Peu arrosée traditionnellement, la région de l'Ouest a été pourtant la mieux nantie. Elle a reçu à elle seule un total de 177,76 ml/m3. Alors que la région de l'est du pays a eu un apport de 138,32 ml/m3 et celle du Centre 102,48 ml/m3 tandis que la région du Chelif , la moins pourvue, n'a eu que 36,97 ml/m3. La capitale, pour sa part, est correctement alimentée à raison de 650 à 700.000 m3/jour, dont 60% proviennent du barrage de Keddara (wilaya de Boumerdès), ouvrage hydraulique considéré comme le «poumon de l'AEP d'Alger», des forages des champs captant du Hamiz, Baraki et du Mazafran, de l'ouvrage de l'interconnexion (Ghrib, Bouroumi et Boukerdane) pour quelque 100.000 m3/j et des onze monoblocs de dessalement pour 300.000 m3/j environ en attendant bien sûr la finalisation, prévue au mois d'octobre prochain, du réservoir d'eau d'une capacité de 180 millions de m3, du barrage de Taksebt devant alimenter Alger, Boumerdès, la ville de Tizi Ouzou et certaines de ses localités environnantes, notamment la commune d'Azazga. Si la région du Centre est bien alimentée, il n'en est pas de même pour les autres régions même si le département de Sellal se veut sécurisant en affirmant que la distribution dans la région Ouest est «correcte». Par contre, dans les autres régions du pays, la distribution d'eau reste équitable tout en enregistrant «une nette amélioration» souligne le ministère des Ressources en eau.