La wilaya de Mostaganem vit ces derniers jours, au rythme d'un scandale qui frappe de plein fouet la famille révolutionnaire. La direction des moudjahidine vient de casser un tabou en décidant l'assainissement des rangs des anciens combattants de la révolution, un assainissement, nous dit-on, qui vient de dévoiler l'existence de plusieurs intrus, ayant profité, grâce à de faux témoignages, des avantages consentis par l'Etat à cette catégorie de la société. Les premières listes de moudjahidine taïwan ont révélé que parmi les bénéficiaires d'une carte de moudjahid figure un ancien sergent de la SAS, qui avait occupé plusieurs postes dans l'administration de l'Algérie indépendante. Des moudjahidine n'ont pas manqué de désigner certains membres de la commission de reconnaissance, coupables à leurs yeux d'avoir permis à des traîtres à la nation de s'incruster dans les rangs de la famille révolutionnaire pour y jeter le discrédit. On n'hésite pas à révéler qu'un ancien responsable de cette commission avait octroyé cette qualité (ancien moudjahid) à plusieurs membres de sa famille connus pourtant à Mostaganem pour n'avoir jamais combattu l'armée d'occupation. Certains titres de la presse régionale, qui se sont saisis du sujet, ont publié, ces derniers jours, des fac similés de listes de faux moudjahidine. Le plus beau, nous dit-on, reste à venir, puisque les prochaines listes seront plus explicites et viendront révéler même les avantages auxquels ont eu droit ces intrus. Sur un ensemble de près de 3 000 moudjahid recensés par la direction, certains avancent le taux de 50% qui auraient indûment bénéficié des avantages offerts à cette catégorie sociale. Des convocations ont été adressées à certains, les invitant à restituer les documents prouvant leur qualité de moudjahid et les sommant de rembourser les sommes d'argent perçues ainsi que les autres avantages. Cette campagne d'assainissement aurait reçu, depuis longtemps, l'aval du ministère des Moudjahidine. Elle annonce, selon nos sources, un grand assainissement qui touchera le fichier national pour débusquer tous ceux qui ont usé de faux pour bénéficier de la qualité de moudjahid. Après Mostaganem, on parle d'une enquête imminente à Oran, Tiaret et Aïn Témouchent qui aurait le même objectif. D'après certains observateurs, cette «chasse aux sorcières» cache en fait une lutte entre certains clans à la veille du prochain renouvellement des structures de l'Organisation nationale des moudjahidine. Cette guerre, qui ne dit pas son nom, pourrait à l'avenir connaître d'autres formes et apporter d'autres révélations. Mais en attendant, des moudjahidine de l'ouest du pays ont acheté des placards publicitaires dans certains quotidiens régionaux pour saluer le courage de la commission d'assainissement de Mostaganem qui a cassé un tabou et démasqué certains intrus, apportant ainsi de l'eau au moulin du moudjahid Bougouba, qui voit le pavé qu'il avait jeté dans la mare faire ricochet dans l'Oranie.