La rue commence à parler et les scandales commencent à éclater les uns après les autres. Oran semble poursuivie par la malédiction des scandales qui viennent, périodiquement, défrayer la chronique par l'ampleur des révélations qu'elle étale sur la place publique. Il y a quelques jours, nous avions évoqué le cas de l'ancien maire, aujourd'hui directeur des anciens moudjahidine à Mostaganem, qui avait été convoqué par la brigade financière et économique de la Sûreté de wilaya pour répondre des anomalies constatées dans ses actes de gestion quand il était à la tête de l'Apc d'Oran. Cette convocation avait trait à un contrat conclu avec un fournisseur pour l'achat, d'une valeur de 4 milliards de centimes, de matériel qui n'aurait jamais été livré à l'Apc. Aujourd'hui c'est un autre scandale qui vient frapper de plein fouet la mairie d'Oran. C'est celui d'un matériel en état de marche et vendu comme étant réformé sans passer par les avis d'appel d'offres ou par les procédures légales usitées. Au cours d'une réunion au mois d'octobre 2002 au siège de la wilaya, l'ancien wali avait autorisé la mairie à dégraisser son parc roulant des engins déclarés réformés. Il s'agissait en fait de la cession par la voie d'enchères publiques de camions et autres engins avant l'obtention d'une dérogation spéciale pour l'acquisition d'un matériel nouveau, une dérogation promise d'ailleurs par l'ancien wali. Après avis des services techniques, 45 engins furent frappés du sceau de la réforme. La commission qui avait procédé à l'étude technique était composée du secrétaire général de la mairie, du chef de service-hygiène et assainissement et du responsable du service général. Cette commission, selon des sources de l'APC, n'a jamais visité le matériel concerné par la vente et parmi lequel figuraient 7 dumpers en état de marche et jamais inclus dans la liste du mot déclaré «réformable». La vente pilotée par le secrétaire général de la mairie avait été confiée à un commissaire-priseur qui s'était, une année auparavant illustré par la vente de véhicules à des élus à des prix symboliques. Elle eut lieu, au mois d'août 2003, à la salle Marhaba sans qu'elle ne soit précédée d'une délibération de l'Assemblée populaire de la commune. Outre les camions vendus à des particuliers proches de certains décideurs de la commune, les 7 dumpers furent cédés au prix global de 1.400.000 DA au propriétaire d'un garage de mécanique qui était lié à l'Apc par un contrat pour l'entretien du parc roulant communal. Mais voilà qu'un mois après la vente, la mairie, procède à la location de 4 des dumpers qu'elle avait vendus en tant que réformés. Du mois de septembre 2003 au mois de juin 2004, ces engins ont été loués à raison de 2300 DA jour l'unité. L'heureux acquéreur qui avait déboursé la somme de 1.400.000 DA pour l'achat de ce matériel avait gagné durant cette période plus de 1.600.000DA. Le chèque qui avait servi à l'opération d'achat a été gardé dans le tiroir d'un bureau de la mairie et n'a été encaissé que 6 mois après la transaction quand le compte a été alimenté par les rentrées de la location du matériel. Le nouveau wali, en décidant la campagne d'hygiène qui bat son plein, a levé un gros lièvre en ordonnant à la l'inspection de la wilaya de tirer au clair cette affaire de cession de biens et d'équipement de la commune ; il n'a fait que lever le voile sur un scandale qui risque d'emporter dans ses remugles beaucoup de personnalités locales. La rue commence à parler et les scandales commencent à éclater les uns après les autres au point où certains n'hésitent plus à dire qu'Oran était pour certains un terrain de chasse gardée, libérés de leurs rets après les derniers changements décidés par le président de la République.