Les négociations sur une paix au Soudan du Sud ont repris lundi à Addis-Abeba pour une nouvelle session qualifiée de la «dernière chance» par les médiateurs après plus d'un an d'échecs successifs. Les belligérants sud-soudanais, qui s'affrontent depuis 14 mois dans un meurtrier conflit civil, ont jusqu'au 5 mars pour trouver un accord de partage de pouvoir au sein d'un gouvernement de transition et ramener la paix dans leur pays. «Ces négociations sont les dernières», a prévenu Seyoum Mesfin, médiateur en chef de l'organisation intergouvernementale est-africaine (IGAD) en ouvrant la session dans la capitale éthiopienne. «C'est la dernière chance de progresser vers une ère de paix au Soudan du Sud. Nous ne devons pas échouer», a t-il poursuivi. Le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, dont la rivalité est au coeur du conflit, n'ont pas assisté au lancement des négociations, contrairement à l'engagement qu'ils avaient pris début février. L'accord de cessez-le-feu qui avait alors été conclu, le 7e depuis le début des hostilités en décembre 2013, a été violé au bout de quelques jours. Les belligérants ont quinze jours pour finaliser un accord de partage du pouvoir entre le gouvernement de M. Kiir et le chef rebelle Machar. Selon le calendrier fixé par l'IGAD, une période de transition doit débuter le 1er avril au Soudan du Sud et un gouvernement d'union nationale doit être formé le 9 juillet au plus tard. «Je pense qu'il y aura un accord. La patience des pays de la région est à bout et l'économie du Soudan du Sud est en chute libre», estime un diplomate occidental, reconnaissant que le problème résidera «dans l'application d'un tel accord». Les représentants de la société civile sud-soudanaise et de la communauté internationale ont fait part de leur impatience face à l'enlisement du conflit et à l'intransigeance des deux parties. Le conflit sud-soudanais a fait au moins 50.000 morts, selon l'ONG International Crisis Group - aucun bilan officiel n'est disponible. L'ONU estime elle que 4 millions de personnes sont en situation de détresse alimentaire. «Il est temps de faire des compromis», a lancé le Britannique Matt Cannell, représentant de la «Troika» (Etats-Unis, Royaume-Uni, Norvège), qui finance en grande partie ce processus de paix. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit augmenter la pression cette semaine avec le vote d'une résolution évoquant la possibilité de sanctions contre les dirigeants sud-soudanais.