Après la déception du 8 avril, c'est le réalisme au RCD. «Tout le monde convient que l'élection du 8 avril constitue un point de rupture dans la vie politique nationale» a déclaré jeudi le Dr Saïd Sadi, dans son discours d'ouverture de l'université d'été du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) tenu à l'hôtel Matarès. L'Algérie, de l'avis de l'orateur, a raté une belle opportunité d'oeuvrer définitivement pour la démocratie. Le parti y a cru sincèrement. Au lieu de cela «le pays s'enlise dans l'immobilisme et la gabegie». Après la déception, c'est le réalisme au RCD. «Plus personne ne croit à une initiative du pouvoir pour engager une politique de développement fondée sur la liberté et la transparence». Le RCD revoie sa stratégie, change de ton. La déception est telle que pour Sadi «le parti aura dorénavant plus de disponibilité à s'asseoir avec un islamiste de conviction que de s'engager avec des pseudo-démocrates». Allusion faite, selon certaines indiscrétions au parti, à l'alliance qui regroupe le MSP, le RND et le FLN. C'est aussi une reconnaissance de l'échec du groupe des 10, même si au RCD on tente de la qualifier «d'alliance conjoncturelle». Hier, à Matarès, la classe politique présente, a fait son mea- culpa. Sid-Ahmed Ghozali reconnaît que «nous nous sommes trompés». Rebondissant de son côté sur la présidentielle du 8 avril, il estime que le scrutin a apporté des réponses à beaucoup de questions qui étaient restées jusque-là suspendues. Ghozali reproche en fait aux meneurs de l'opposition d'avoir cru, chacun de son coté, pouvoir initier des changements dans le système. Une action vouée à l'échec, parce que «seule une démarche commune réunissant les forces politiques du pays pourrait réaliser la rupture avec le système actuel». Un système basé sur la légitimité révolutionnaire qui s'est muée avec le temps, en légitimité militaire. Approché par nos soins, le président du FD parti «non agréé» a déclaré que «des contacts existent actuellement entre les différents animateurs politiques pour créer un véritable pôle d'opposition». Ali Benflis, l'ex-secrétaire général du FLN était l'invité de marque de cette université d'été. La personnalité a attiré spécialement l'intérêt des journalistes. Mais ce dernier s'est abstenu de faire la moindre déclaration. «Je suis ici en réponse à l'invitation de mon ami Saïd Sadi. Je réserve mes déclarations au moment opportun». Benflis a fait néanmoins, une brève intervention autour de la «crise de régime ou impasse du système». L'homme qui se définit comme «un fervent défenseur des libertés», a longuement insisté sur le respect du choix du peuple. S'il n'a pas évoqué directement le scrutin du 8 avril, plusieurs messages, en relation directe avec les évènements qui marquent la scène politique en Algérie, ont été lancés à travers son intervention. Benflis dira dans ce sens que «le temps du parti unique est révolu», allusion bien évidemment à la crise au FLN et au «verrouillage» de la scène politique. L'orateur estime aussi qu'«il ne peut y avoir ni de liberté ni de développement sans la séparation des pouvoirs».