Les cours de l'or noir continuent d'évoluer autour des 60 dollars à Londres alors que l'économie nationale a besoin d'un baril à 100 dollars, voire plus, pour assurer son équilibre budgétaire. L'orage plane toujours au-dessus de nos têtes. Le débat qu'a suscité la dégringolade des prix du pétrole donne toutefois l'impression de vouloir se tasser. Aucune mesure d'envergure n'a pourtant été prise pour y faire face. Hormis les assurances que l'Algérie pourra tenir le choc (pendant 36 mois environ, Ndlr) grâce à son matelas en devises de plus de 180 milliards. Pas très rassurant tout de même. Les cours de l'or noir ayant subi un nouveau recul hier et leur remontée n'étant pas annoncée pour demain. Vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 61,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Une baisse de 1,26 dollar par rapport à la clôture de vendredi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) reculait de 90 cents pour se négocier à 48,86 dollars. Pause ou signe d'un effondrement? «Les marchés du pétrole sont soutenus par quelques fondamentaux éphémères, comme les retards de chargement en Irak, et des bribes de confiance, mais nous nous attendons à ce que les prix s'affaiblissent à nouveau dès que ces facteurs s'estompent», indiquaient les analystes de Barclays. Le baril a certes limité la casse en ces deux premiers mois de l'année 2015. Il n'a finalement pas atteint le fond de l'abîme que lui prédisaient bon nombre d'observateurs. Un répit que ne laissait pourtant pas présager la conjoncture actuelle: le marché croule sous une énorme pression d'une offre surabondante. Les cours ont pourtant résisté. Le Brent de la mer du Nord s'affichant au-dessus de la barre psychologique des 60 dollars. Un niveau qui demeure malgré tout bien en deçà de celui dont ont besoin la plupart des économies des pays producteurs de l'Opep, à commencer par l'Algérie, qui dépendent étroitement de leurs exportations d'hydrocarbures. Les premières alertes datent de près de trois ans. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures», avait averti Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie dans un rapport présenté le 1er juillet 2012. Les cours du pétrole évoluent aujourd'hui autour des 60 dollars à Londres et à moins de 50 dollars à New York. Ils ont perdu plus de 50% depuis le mois de juin 2014. Cette tendance (baissière, Ndlr) «ne menace pas pour l'heure les équilibres internes et externes du pays mais constitue une alerte prise sérieusement en compte par les autorités», avait assuré le 11 novembre 2014 à Alger le ministre des Finances, Mohamed Djellab. «Si l'Algérie a su, jusque-là, faire face au choc induit par la baisse du prix du pétrole, il n'en demeure pas moins que les équilibres financiers du pays pourraient être affectés si les cours se maintiennent au même niveau», avait renchéri le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, le 15 décembre dernier, devant les élus du peuple. La situation s'est considérablement dégradée depuis. Quelles pourraient être les conséquences pour l'Algérie? «A moins de 80 dollars, nous sommes obligés d'aller vers le Fonds de régulation des recettes (FRR) et l'exploitation des réserves de change. C'est une grande pression exercée sur le pays» avait souligné le vice-président du Cnes (Conseil national économique et social) Mustapha Mékidèche au début du mois de décembre à Oran à l'occasion de la tenue d'un workshop international sur les «Marchés mondiaux de gaz naturel». Une conjoncture qui est apparemment partie pour durer. Les spécialistes qui tablaient sur un déclin des plates-formes pétrolières aux Etats- Unis pour provoquer une baisse de l'offre et par conséquent une hausse des prix du pétrole commencent à déchanter, leur nombre n'ayant baissé que de 33 unités en une semaine. Un ralentissement inférieur à celui des semaines précédentes. «Si cette tendance continue, ceux qui attendent une réduction notable de la production américaine de brut dans la deuxième moitié de l'année pourraient être déçus», ont prévenu les analystes du groupe financier allemand Commerzbank. Ce qui éloigne la probabilité d'une résurrection du baril. L'Opep restera-t-elle les bras croisés? Si les cours «continuent de baisser, il est fort probable que nous devrons convoquer une réunion extraordinaire de l'Opep dans les six semaines environ», a déclaré au Financial Times la ministre nigériane du Pétrole Diezani Alison-Madueke. Il lui faudra pour cela faire «sauter» le veto saoudien...Ce qui n'est pas gagné d'avance.