L'hémicycle de l'APN s'est transformé en un lieu de protestation «Il n'y a rien à dire, la situation est normale. Ce que j'ai à dire, je l'ai dit à Arzew, je réitère les propos du président de la République», a déclaré Abdelmalek Sellal. Ça commence mal. La cérémonie d'ouverture de la session parlementaire de printemps, tenue hier, a été particulière. L'hémicycle de l'APN s'est transformé en un lieu de protestation. La contestation sur le gaz de schiste a gagné le coeur de l'institution parlementaire. Plusieurs partis de l'opposition ont boycotté la séance en signe de contestation de l'exploitation du gaz de schiste et de la répression à In Salah. Des députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AVV) ont créé l'événement en transférant le débat à l'intérieur de la chambre basse. Munis de pancartes, les députés de l'AVV au nombre d'une cinquantaine, ont dénoncé la répression contre les habitants de In Salah et l'exploitation du gaz de schiste. «Non à la répression des manifestations pacifiques» et «non à l'exploitation du gaz de schiste», lit-on sur les pancartes qu'ils ont brandies devant les ministres, avant que ces derniers n'accèdent à l'hémicycle. Les députés protestataires sont également rentrés à l'hémicycle avant d'en ressortir et protester encore dans le hall et lire leurs déclarations devant les caméras de télévision. «Notre action vise à interpeller le gouvernement sur la situation à In Salah qui risque sérieusement de mener à des dérapages», a déclaré Nammane Laouer porte-parole de l'AVV en expliquant que cette formation a rejeté le projet de loi sur l'exploitation du gaz de schiste lors de son passage à l'APN. M.Laouer ne comprend pas l'attitude du gouvernement qui refuse de lancer un dialogue avec la population de la région. «Nous avons dénoncé le refus du gouvernement de dialoguer avec la population de In Salah et l'utilisation des moyens draconiens pour réprimer les contestataires», a-t-il déploré. Le député Karim Tabbou et ses partisans étaient également de la partie. L'ancien N°2 du FFS a été sur deux fronts en dénonçant l'exploitation du gaz de schiste tout en interpellant le gouvernement sur l'agrément de son parti. Le Front des forces socialistes était carrément absent. «Pour protester contre la répression qui s'abat sur la population de In Salah, les parlementaires du FFS boycottent l'ouverture de la session du Parlement», a indiqué le FFS dans un communiqué rendu public hier. Le groupe parlementaire du FFS a dénoncé avec force la répression exercée contre les citoyens de la région. «L'absence de dialogue peut ouvrir la porte à tous les dérapages qui vont conduire au pourrissement de la situation et à la déstabilisation de la cohésion sociale», avertit le FFS qui déplore toutefois l'indifférence de l'Assemblée nationale et son refus d'ouvrir le débat sur les différents sujets d'actualité nationale comme le stipule sa mission dans la Constitution. Le FFS considère que toutes les affaires concernant l'avenir du pays doivent faire l'objet d'un débat national qui aboutira à un consensus national. Même au Sénat le sénateur d'Illizi, Abbas Bouamama, a dénoncé l'absence du dialogue. «On parle du dialogue mais nous n'avons rien vu sur le terrain», a-t-il déploré, tout en rappelant que depuis la visite du ministre Youcef Yousfi, il y a plus de deux mois aucun responsable ne s'est rendu à In Salah pour tenter d'arranger la situation. Ce sénateur a rejeté les interprétations faites par certaines parties, quant à une implication d'une main étrangère. «Il n'y a aucune main étrangère», a-t-il assuré en accusant qu'il y a des parties à l'intérieur du pays qui veulent pousser au pourrissement. En guise de réponse, les présidents des deux chambres ont défendu l'option du gouvernement. «Cette ressource non conventionnelle constitue une richesse nationale qu'il est nécessaire d'exploiter en préservant tant la santé de la population que l'environnement, une ressource qu'il faut prévoir pour les générations futures», a estimé le président Larbi Ould Khelifa dans un discours lu en son nom par le député Ali Hamel vice-président de l'APN. Même argument avancé par le président de la chambre haute du Parlement. Abdelkader Bensalah a carrément repris les propos du chef de l'Etat qui avait déclaré que le gaz de schiste est un don du Bon Dieu et qu'il n'y a aucune raison pour ne pas l'exploiter. «Nul n'a le droit d'exprimer son opinion d'une manière qui sorte des règles.» Par ailleurs, interpellé sur cette situation, le Premier ministre s'est montré plutôt serein. «Il n'y a rien à dire, la situation est normale. Ce que j'ai à dire je l'ai dit à Arzew je réitère les propos du président de la République», a déclaré Abdelmalek Sellal en marge de la séance d'ouverture au Sénat. Interrogé par L'Expression, le ministre de l'Energie n'a soufflé mot. Le gouvernement semble avoir épuisé tous ses arguments. En tout cas ce qui s'est passé hier, n'est que le début d'une confrontation qui s'annonce chaude entre les partis de la coalition et ceux de l'opposition.