Tous les moyens sont bons pour ramener de l'eau L'unique voie de salut reste la déviation de l'oued Soummam. Depuis cinq jours des milliers de foyers de la wilaya de Béjaïa sont restés sans eau courante. Le rétablissement de la situation ne se fera pas dans les plus brefs délais. Le constat a été fait, hier. D'importants travaux sont nécessaires. Hier, le chef de l'exécutif de wilaya était à Semaoun avec les responsables concernés pour étudier les voies et les moyens de rétablissement de la situation. L'unique voie de salut reste la déviation de l'oued Soummam pour permettre aux équipes techniques d'intervenir pour la réparation de la conduite d'eau endommagée conséquemment aux dernières pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région, le week-end dernier. Même les Chinois, en charge de la réalisation de la pénétrante sont appelés à la rescousse. Le débit de l'oued Soummam a atteint de proportions jamais égalées. Selon l'ADE, une conduite d'un diamètre de 1000 pouces, du réseau assurant le transfert de l'eau du barrage Tichy Haf vers les communes du couloir de l'oued Soummam, a été détruite par les torrents au niveau de la municipalité de Semaoun. Une autre conduite principale, alimentant la ville de Béjaïa et des communes du littoral depuis les sources d'Al Aïnceur Azegzaou (source bleue), sises dans la commune de Darguina, a été détruite par les eaux en crue de l'oued Agerioun, dans la commune de Souk El Tenine. Cette conduite alimente une partie des communes de Béjaïa et Tichy. Au niveau de l'Algérienne des eaux (ADE), on rassure que «des équipes de l'ADE tentent de rétablir l'alimentation en eau potable des foyers le plus vite possible». Hier, aucun responsable n'était en mesure d'annoncer une quelconque date du rétablissement de la situation. Le flou est resté total. Deux forages seront, cependant, remis en service provisoirement. Juste de quoi alimenter 50.000 foyers. C'est véritablement insuffisant. En attendant, l'approvisionnement en eau potable se fait au minimum. Les camions- citernes de l'ADE et de l'APC de Béjaïa se contentent d'approvisionner les hôpitaux et les établissements scolaires. Pour ces autres consommateurs, en attendant une répartition de l'eau disponible par quartiers, l'heure est au système «D». Ce qui fait l'affaire des vendeurs d'eau par camions-citernes. Le seul recours pour les habitants de ces régions reste celui des camions citernes, les vendeurs s'approvisionnant depuis les sources naturelles, d'Akfadou et de Toudja.Depuis l'apparition de la pénurie, les sources d'eau existantes sont envahies par les habitants. Les vendeurs d'eau privés se frottent les mains. Une aubaine, qu'on souhaite la plus longue, de par ce qu'elle peut procurer comme bénéfices jamais égalés même au pus fort de l'été. Soumis à une pression terrible de par la forte demande en matière d'eau, les fournisseurs privés en eau potable ont été certes autorisés, il y a quelques années par la direction de l'hydraulique, via un arrêté porté sur un cahier des charges qui comprend certaines mesures d'hygiène dont l'analyse de l'eau, la qualité de la citerne utilisée pour l'approvisionnement des populations et enfin la circonscription d'exercice. Avec la pression actuelle, le respect de ces mesures n'est pas garanti. Depuis quelques années, les vendeurs d'eau se sont multipliés sur le territoire de la wilaya de Béjaïa. Des personnes s'inventent le métier d'approvisionneur en eau potable et sillonnent les villes et villages où l'eau se faire rare et lorsqu'il en existe, elle est de mauvaise qualité. Ces exploitants s'approvisionnent des localités connues pour leurs sources intarissables et livrent les populations des villes. Un jerrican de 20 litres coûte entre 40 et 50 dinars. L'arrêté vise à organiser une profession qui prend de l'ampleur. Cette organisation permettra par ailleurs de protéger le consommateur. En ces temps de pénurie, la protection du consommateur est loin d'être assurée. Le déficit est tel que certains exploitants peuvent profiter de la situation pour écouler n'importe quelle eau et se passer des analyses obligatoires. Une éventualité à prendre en compte sachant qu'en temps normal, la pratique existe. Que dire alors dans une conjoncture pareille?