Ksentini dénonce la détention provisoire abusive 25 Octobre 2008 - Les lenteurs dans le traitement de certaines affaires judiciaires prolongent la souffrance des détenus. Invité de l'émission hebdomadaire «Rencontre du jeudi» de la Radio Chaîne II, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini a dénoncé l'usage abusif qui est fait de l'application de la détention provisoire en Algérie. «Il est toujours fait un usage abusif de cette détention (…) elle devrait demeurer une mesure exceptionnelle, telle que le stipulent les textes de loi» a-t-il expliqué sur les ondes de la Radio. Dans ce contexte, il a relevé «les lenteurs» qui persistent dans le traitement de certaines affaires judiciaires, ce qui «prolonge la souffrance des détenus». A ce sujet, M.Ksentini a plaidé pour la formation de magistrats, dont le nombre insuffisant «doit tripler» en rapport avec le nombre de la population algérienne. Nonobstant ces faits, l'intervenant relève, néanmoins, que la situation dans les établissements pénitentiaires, «s'est améliorée nettement», que la construction de nouvelles prisons et le développement des infrastructures pénitentiaires «réglera» le problème de surpopulation carcérale dont elles souffrent actuellement. Dans un autre registre, le président de la Commission de protection des droits de l'homme a estimé que la peine de mort doit être abolie. Ainsi, il a déclaré: «La peine de mort doit être supprimée puisque les peines de mort ne sont plus exécutées, il faut sortir de ce paradoxe, dès lors qu'on n'utilise plus la peine de mort, il faut l'enlever.» Aussi, il a plaidé pour une peine de substitution à cette dernière. «Il faudrait substituer une peine plus longue et non compressée, à la frontière de la peine de mort (…) l'Etat ne doit pas tuer et la justice ne doit pas tuer» a-t-il insisté. D'autres questions ont été abordées lors de cette rencontre, notamment celle des 56 prisonniers algériens en Libye. Il a indiqué à ce propos que le transfert de ces derniers en Algérie est en voie de concrétisation. «A mon avis, le dénouement se fera parce que le principe en lui-même a été acquis, mais ce sera avec un peu de retard» a-t-il relevé. Par ailleurs, et s'exprimant au sujet du rapport annuel américain sur les libertés religieuses dans le monde et la question du culte en Algérie, M.Ksentini a indiqué que «les affirmations des ONG (américaines) sont inexactes». Argumentant un peu plus sur le sujet, M.Ksentini a indiqué: «On ne peut pas laisser l'anarchie religieuse s'installer dans notre pays (…) l'Algérie est un pays ordonné et réglementé (…) et c'est le fait que des personnes ont entrepris des activités religieuses sans permission (…) il faut réduire ces incidents à leur véritable proportion, mais le fait que l'Algérie soit taxée de pays intolérant, c'est complément inexact.» Quant au volet de la réconciliation nationale, le président de la Commission a indiqué que «l'Etat doit respecter ses promesses». En effet, représentant quelque 1000 repentis, le conférencier a soutenu que l'Etat doit répondre aux doléances des repentis parce qu'elles sont «légitimes et raisonnables». «Ils ne demandent qu'a être recyclés et réintégrés dans la société algérienne, (…) si on veut que la Réconciliation nationale soit réussie, nous continuerons à les soutenir parce que leurs demandes sont raisonnables», a-t-il dit. Par ailleurs, il est à signaler que la Cncppdh remettra au chef de l'Etat, au mois de décembre prochain, un rapport annuel révélant les insuffisances en matière des droits sociaux en Algérie ainsi que des recommandations pour y remédier.