15 mars 2011-15 mars 2015: quatre ans de guerre en Syrie. Une guerre fomentée par des puissances occidentales et certaines monarchies du Golfe! La guerre qui a déjà fait plus de 210.000 victimes (dont près de 100.000 civils), entre dans sa cinquième année sans qu'il soit assuré que la sortie du tunnel soit proche. Peut-on en prévoir la fin? Rien de moins sûr, quand les sponsors du conflit syrien estiment que les objectifs assignés n'ont pas été atteints par, notamment, l'élimination du président Bachar al-Assad. Or, la résistance des Syriens a faussé les calculs de ceux qui voulaient reconfigurer le Moyen-Orient à leur convenance. L'une des cibles avouée - voir les plans américains de dépeçage du Monde arabe - était de mettre fin aux Etats-nations arabes à commencer par la Syrie, l'un des derniers obstacles à la «pax israéliana». Ce qui est étrange est que ces velléités de raser les pays arabes des cartes du monde trouvent des soutiens parmi les pays du Golfe. En plus des morts qui se comptent en dizaines de milliers, la moitié de la population syrienne (12 millions de personnes) est devenue SDF, réfugiée dans les pays limitrophes ou déplacée à l'intérieur du pays. Une tragédie qui restera le plus effrayant crime contre l'humanité en ce début du troisième millénaire dont l'Occident, qui a fortement aidé la rébellion, en porte l'entière responsabilité. C'est cet Occident et les pays du Golfe qui ont rendu cet apocalypse possible qui poussent des cris d'orfraie. Il est, en effet, loisible et certainement recommandé de s'indigner face à des crimes qui ramènent les hommes à la sous-humanité. Or, Al Qaîda, Da'esh, des groupes sortis de l'enfer, ont été enfantés par les laboratoires américains de la CIA, du Pentagone, du département d'Etat et le Mossad israélien. La Syrie restera à jamais marquée au fer rouge de la duplicité de puissances qui n'ont eu de cesse de faire entrer dans les rangs tout pays aspirant à avoir une politique indépendante sur les questions de souveraineté. La Syrie [comme d'autres pays du Moyen-Orient et du Maghreb] dérange ceux qui ont décidé de «décider» pour tous. Dès lors, il est de propos de s'indigner et de hurler avec les loups. Mais cette indignation est par trop sélective, pour être convaincante. Voilà qui est bien fâcheux. L'Occident nous a habitués à ces courroux à deux vitesses pour ne point y revenir. Ainsi, tout en s'indignant, l'Occident, à sa tête les Etats-Unis, tente de renforcer la sédition en Syrie en préparant et en formant les rebelles qui combattent le régime syrien. Le monde assiste ainsi à des bouleversements inconcevables, qui voient des pays - qui sans déclarer la guerre - s'attaquer à d'autres pays par mercenaires interposés. C'est le plus officiellement du monde que Washington a fait savoir qu'il allait former des rebelles syriens. Une position-action unique dans les annales des rapports entre Etats. C'est ainsi que les Etats-Unis et la Turquie ont signé le 19 février un accord selon lequel ces deux pays vont entraîner, sur une base turque, des groupes rebelles «modérés» [nous aimerions que l'on nous explique enfin ce que l'Occident entend par le mot «modéré» qu'il accole à tous ceux qui travaillent au renforcement de l'hégémonie occidentale sur le monde] hostiles au régime actuel syrien, comme de lui fournir du matériel militaire. C'est là, à moins de nous tromper, quelque chose d'improbable venant de la part d'un Etat membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU qui soutient et aide publiquement une rébellion contre un autre Etat membre de l'ONU. A l'évidence, cette dernière paralysée, n'a pas réagi à ce forfait. Cela a été le cas en Irak, avec les mêmes Etats-Unis qui ont détruit ce pays, humiliant les Nations unies qui n'y ont rien pu. Bien sûr qu'il faut défendre le peuple syrien, bien sûr qu'il faut éliminer définitivement les dictatures arabes. Mais, sincèrement, les monarchies arabes rétrogrades et un Occident revanchard, étaient-ils les plus qualifiés pour juger al-Assad? A l'évidence, la répression excessive du régime de Damas est condamnable, mais qui a armé les groupes terroristes qui sèment la terreur en Syrie? Ils veulent abattre le régime d'Al Assad... qu'ils aient à tout le moins l'humilité de ne pas trop en faire, ils ne sont certainement pas dans leur rôle en suscitant la guerre et les crimes de guerre qui s'ensuivent. Si la guerre en Syrie perdure, c'est bien du fait de ceux qui ont une lecture biaisée et à sens unique des événements dans le monde - arabe en particulier - qui sont prêts pour atteindre leurs objectifs à raser tout pays contestataire de la carte du monde. Assad n'est certes pas un ange! Obama, Erdogan le sont-ils qui arment des rebelles qui poursuivent le carnage des Syriens? A travers les épreuves qui marquent la Syrie, le monde a pu voir le visage hideux de ceux qui dominent le monde.