Le P-DG de Sovac appelle les autorités à «pondre» une loi qui oblige les constructeurs automobiles qui veulent vendre en Algérie d'acheter des pièces de rechange fabriquées par leurs représentants locaux. Mourad Oulmi ne veut pas mettre la charrue avant les boeufs! Le président des concessionnaires automobiles algériens (AC2a), et P-DG du concessionnaire Sovac, a plaidé, hier, pour la création d'une industrie de pièces de rechange en Algérie. M.Oulmi qui a débarqué, hier matin jour de l'ouverture officielle du Salon international de l'automobile d'Alger, aux studios de la Radio nationale Chaîne III, a estimé qu'il était plus judicieux d'exiger des concessionnaires, de s'investir dans la sous-traitance de pièces de rechange automobile. «Cela pourrait nous rapporter plus d'un milliard de dollars annuellement», estime-t-il. «Il nous faut une loi qui oblige les constructeurs automobiles qui veulent vendre en Algérie d'acheter des pièces de rechange fabriquées par leurs représentants locaux», soutient-il. «Chaque concessionnaire national exporte en pièces de rechange seulement 10 ou 20% de son chiffre d'affaires, on va atteindre facilement la barre des 1 milliard de dollars d'exportation», argumente-t-il. «On peut fabriquer facilement des pièces détachées en Algérie. On a beaucoup d'avantages pour le faire, on a de l'énergie, on a la proximité,...», ajoute-t-il. «Il faut aller vers cela, si on veut réduire les importations. C'est pas très compliqué, il y a des éléments qui ne demandent pas une haute technologie comme les pots de réservoirs, les pare-chocs... Au début, on ne va pas aller vers la fabrication de moteur ou de boîte à vitesses, mais juste ces petits éléments qui ne demandent pas beaucoup d'investissements», poursuit-il, non, sans demander aux autorités de mettre en place une loi qui obligera tous les concessionnaires à aller vers cela. «On est le deuxième marché en Afrique, on est en position de force pour poser nos conditions», souligne M.Oulmi avant de rappeler que nos voisins tunisiens et marocains avaient déjà adopté cette stratégie. «En Tunisie, les droits de douanes pour les voitures sont très élevés. Mais pour vendre la pièce détachée fabriquée localement, ils ont offert des avantages douaniers et sur la TVA pour les marques automobiles qui achètent des pièces tunisiennes. C'est cela le gagnant- gagnant», précise-t-il estimant que c'est cela l'industrie automobile avec une vraie valeur ajoutée. «Et non l'assemblage automobile», rétorque-t-il. S'exprimant d'ailleurs, à propos d'un projet visant à amener les concessionnaires à s'investir dans l'assemblage automobile, il déclare attendre d'avoir plus de détails pour se prononcer considérant, cependant, que celui-ci risquerait d'augmenter d'environ 30% le prix du véhicule proposé en Algérie, ainsi que la facture de l'importation dans le domaine automobile! «Je suis contre l'assemblage seul. Il ne fera qu'augmenter les importations», atteste-t-il. «Ce n'est pas ma vision des choses, pourtant cela serait très facile pour moi d'aller vers l'assemblage. On a un projet dans ce sens qui peut être monté en à peine huit mois avec un coût d'investissement qui ne va pas dépasser les 4 millions de dollars», témoigne-t-il. «C'est très simple. Mais c'est pas la vision pour laquelle je milite. Je veux apporte une vraie valeur ajouter à l'économie nationale», fait-il savoir. Le président des concessionnaires automobiles dénonce, par ailleurs, le fait qu'il existe quelque 184 commerçants de véhicules en Algérie, alors qu'il n'y a qu'une vingtaine de marques qui y sont officiellement représentées. Selon lui, ceux-ci représentent plusieurs marques à la fois et procèdent à des surfacturations de prix pouvant être multipliés par trois. «Les importateurs multimarques font dans le transfert illicite de devises. C'est bien connu. Il font dans la surfacturation. Ce n'est pas des accusations, mais des faits réels. Il suffit juste de comparer entre nos factures et les leurs pour avoir une idée précise», peste-t-il. «Ils achètent un véhicule à 10.000 euros, ils le facturent à 20.000. Ils transfèrent cet argent. Ils ramènent ensuite le véhicule et le surplus d'argent qu'ils revendent. Cet argent, ils l'achètent au prix du change officiel qui avoisine les 100 dinars pour 1 euro, ils le revendent sur le marché noir dans les environs de 160 dinars pour un euro», explique-t-il. Enfin, le président de l'Ac2a a tenu à commenter les dispositions de la loi de finances 2014 imposant, désormais, des équipements de sécurité (airbags, systèmes ABS et autres GPS) aux véhicules vendus en Algérie. M.Oulmi signale à ce propos l'établissement d'un consensus sur ce point avec le ministère de l'Industrie. Il certifie, ainsi, qu'au lieu des 10 airbags réclamés, comme en sont équipés généralement les véhicules roulant en Europe, «nous sommes, dit-il, tombés d'accord pour un début, d'équiper ceux vendus ici de seulement quatre modules de ce type et de leur adjoindre le système de freinage ABS». «C'est le strict minimum que nous pouvons faire pour assurer la sécurité du conducteur et de ses passagers qui n'ont pas de prix...», conclut-il.