Les vacances de printemps seront consacrées à réparer les dommages causés aux élèves A peine la grève des enseignants réglée, Nouria Benghebrit scrute l'horizon. Plein de projets dans un terrain miné d'embûches. Après plus d'un mois de grève, l'état d'avancement dans les programmes a enregistré des retards. Mais «nous allons revenir à la normalité», rassure Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale lors de son passage, hier, à l'émission «L'invité de la rédaction» de la Chaîne III. «Nous avons demandé aux enseignants de reprendre les cours, notamment au profit des classes d'examens, et dans le cas où toute la classe est présente, ils feront dans le rattrapage, si le nombre d'élèves n'est pas très important, ils feront plus dans le suivi et la remédiation», a-t-elle en effet confié, confortée en cela par la position du Cnapeste qui a affiché sa disponibilité à répondre aux attentes du ministère. Ainsi, les vacances de printemps, qui devaient commencer hier, seront consacrées à réparer les dommages causés aux élèves. Mais, se défendant, Benghebrit assure que la première semaine des vacances d'hiver et de printemps est depuis des années consacrée, de concert entre les enseignants et les élèves, à la préparation des examens de fin d'année. «Ca tend de plus en plus à devenir une tradition», constate la ministre de l'Education nationale qui s'en réjouit, affirmant néanmoins que ce qui est particulier dans le contexte actuel, c'est la dimension contraignante de la démarche étant donné qu'il est impératif de remédier aux retards enregistrés et qui, naturellement, pénalisent les élèves. Par ailleurs, la ministre de l'Education nationale, qui a déclaré dans un passé très récent, alors que la grève battait son plein, être prête à appeler les enseignants retraités à faire des rattrapages pour les élèves, a déclaré que cela ne devait pas se faire au détriment des enseignants. «L'appel aux retraités est une chose qui se fait dans tous les pays du monde, car ceux-ci, ayant accumulé une grande expérience, peuvent aider le système à avancer» a-t-elle avancé en remerciant «ceux qui ont répondu à l'appel et qui sont déjà sur le terrain». Abordant la question des réformes qu'elle a maintes fois évoquée, notamment la fiche de synthèse qui devait être instaurée pour les élèves des classes d'examens et sur laquelle le ministère est finalement revenu en arrière, Benghebrit a fait savoir «que depuis 2014, il a été question de revenir vers la fiche de synthèse pour valoriser le travail continu de l'élève», mais, avoue-t-elle, «j'ai été peut-être un peu naïve en croyant que l'idée de la valorisation de l'effort pouvait passer facilement». «Je reconnais que l'information et la sensibilisation ont été très faiblement faites, ce qui fait que les élèves n'ont pas compris le message. Nous avons donc conclu à la nécessité de reporter ce projet et nous allons organiser une rencontre sur l'évaluation dans le secondaire en juillet 2015» a-t-elle expliqué. Sur ce point, la ministre de l'Education nationale a tenu à préciser qu'il s'agit d'un simple report pour cette année car, pour elle, la fiche de synthèse reste «très importante». «Les élèves en classe d'examen désertent les écoles à partir du mois d'avril sous prétexte de réviser pour les examens. Donc, pour remédier à cela, nous pensons que l'évaluation de l'effort constitue peut-être une solution», a-t-elle argumenté. La ministre a également fait savoir, en réponse aux questions de Souhila El Hachemi, que «le ministère a proposé aux enseignants de supprimer les examens du deuxième trimestre et de les remplacer par des rattrapages pour remédier aux cours qui n'ont pas été dispensés. Cela devrait, bien entendu, concerner essentiellement les classes d'examens. En effet, a insisté la ministre, «ce qui est valable pour les terminales ne l'est absolument pas pour les autres années scolaires». Concernant la question du bac qui demeure le souci de la majorité des enseignants, des élèves et de leurs parents, Benghebrit a assuré que «le bac se prépare avec les enseignants et les élèves dans de bonnes conditions. Elle a, dans ce sillage, abordé le point relatif au «seuil» en disant, avec regret, que «les élèves demandent quasi naturellement qu'un certain nombre de cours soit supprimé. C'est devenu une habitude. Il faut absolument aller en rupture avec cela». «Pour cette année, l'état d'avancement dans les programmes a atteint 70% à 75%. Nous rassurons les parents et les élèves que les évaluations seront faites en fonction de ce qui aura été réellement fait. Sur un autre registre, Benghebrit, commentant les déclarations alarmantes du secrétaire général du ministère de l'Education nationale par rapport au niveau très médiocre des élèves, a déclaré que «la société, les élèves et la communauté pédagogique doivent être informés de ce qui se passe réellement dans le secteur et savoir que les suspensions des cours qui font désormais partie du paysage naturel de l'école font mal à l'école, pour que chacun prenne ses responsabilités.» En effet, cette situation qui dure depuis des années doit être réglée en urgence. Mais elle ne se fait pas d'illusions. «Les problèmes, il y en a aujourd'hui, il y en aura demain. Il faut qu'on travaille avec cette réalité et que la communauté pédagogique prenne ses responsabilités», a tonné la ministre. Toujours dans le même sens, Benghebrit, se mettant dans son habit d'universitaire, a dit que «pour avancer, il faut frapper les imaginaires et on les frappe à partir de résultats et d'évaluations». Mais elle relativise: «Evidemment, quand on se compare à certains pays, on peut considérer que nous ne sommes pas aux dernières places. Mais nous avons cette ambition de nous positionner parmi les têtes de file et le fait de dire que l'école a régressé, c'est lié aux aspirations que nous avons en tant que ministère et qui sont partagées par un grand nombre d'inspecteurs, d'enseignants et qui ne sont peut-être pas visibles aujourd'hui».Abordant enfin la question relative aux CD distribués par le ministère pour aider les élèves désireux de préparer leurs cours, notamment tout au long de la grève qui a secoué le secteur, la ministre de l'Education nationale, que d'aucuns accusent de vouloir «substituer des CD aux enseignants», considère que «cette allégation est farfelue». «Un CD ne peut en aucun cas remplacer un enseignant. Ceci dit, le CD a un rôle à jouer. Aujourd'hui, nous avons 460.000 inscrits à l'enseignement à distance. Cela prouve que nous avons un nombre important d'élèves qui sont à l'aise dans ce type d'approche. Le CD est donc un outil supplémentaire, pas plus».