L'annonce sonne comme une alerte de la part de celui que l'on donne comme probable futur ministre de la Défense. L'Algérie est loin d'en avoir fini avec le terrorisme. C'est ce qui ressort, du moins, de la conférence de presse qu'a animée Yazid Zerhouni, hier, à partir de Skikda en marge de l'installation du nouveau wali. Celui qui se trouve de facto à la tête de la sécurité nationale depuis qu'il a été présenté comme le vis-à-vis de la ministre de la Défense française, Mme Michèle Alliot-Marie, s'exprime avec aisance à propos du terrorisme. «Le nombre de terroristes armés dans les maquis, dit-il, est de 450. Ils sont toujours actifs». Le chiffre a de quoi inquiéter, sachant que le GIA a littéralement cessé d'exister, que le Gspc, décapité, a subi force coups de boutoir de la part des services de sécurité et que le Gspd, littéralement saigné de ses effectifs, serait en passe d'annoncer une reddition globale avec l'accord de l'émir Souane. Zerhouni tente toutefois de tempérer l'inquiétude que pourrait générer une pareille annonce. Il précise en effet que «la plupart des terroristes se sont soit rendus aux services de sécurité, soit ont été tués, soit se trouvent en prison». Ainsi donc, le ministre de l'Intérieur ne précise pas le nombre des activistes qui ont jeté à bas les armes, ni celui des réseaux dormants et des cellules de soutien logistique, devant être trois ou quatre fois supérieur aux 450 éléments annoncés. Il y a bel et bien péril en la demeure. Lors du point de presse improvisé, où les questions ont fusé de toutes parts, le ministre a tenu à démentir tout contact avec les groupes terroristes se trouvant encore dans les maquis. Une façon, somme toute diplomatique, de remettre en cause la rumeur faisant état de tractations secrètes ayant lieu à différents niveaux, impliquant même des repentis et des familles de terroristes, dans le but de pousser la plupart des Katibas du Gspc et du Gspd à déposer les armes. Depuis quelques mois, déjà, il avait été fait état de centaines de redditions effectuées dans ce cadre sans qu'il n'ait été possible d'en confirmer la vérité, si l'on excepte environ une vingtaine de cas officiellement confirmés par des sources sécuritaires. Zerhouni qui oeuvre à ménager ses effets, mais aussi à se ménager des issues de secours dans le cas où...ne va au contraire pas jusqu'à démentir catégoriquement ces contacts, se contentant au contraire de souligner finement ne pas avoir «connaissance de toutes les négociations avec les terroristes» en précisant que «l'Etat est déterminé à éradiquer le terrorisme». «Nous n'avons pas besoin d'El-Para» Depuis l'élimination de Nabil Sahraoui ainsi que l'ensemble de ses lieutenants lors d'une spectaculaire opération sur les hauteurs de Béjaïa, le Gspc était entré dans une phase de turbulences en menaçant son devenir. Une guerre ouverte s'est même déclarée entre les différentes factions rivales. Mais les attentats ont repris de plus belle, notamment au centre et à l'est du pays, avant qu'un nouvel émir national, Abdelhamid Saâdaoui, dit Abou El-Heythem Yahia, ne soit mis en place par « Ahl El-Hal Wal-Akd ». L'homme, un proche de Hassan Hattab, ne fait pas l'unanimité. Mais son «talent» d'artificier fait craindre le pire aux services de sécurité, qui craignent des attentats à la bombe, notamment en Kabylie, à Boumerdès et à Alger depuis qu'Abou Lablaba, contraint de quitter la capitale, tente de ressusciter les cellules de Bachdjarrah, de Bab El-Oued et de la Casbah. Il ne fait pas de doute, non plus, à voir le nombre de terroristes actifs, pouvant faire encore beaucoup de victimes, que le Gspc n'a pas cessé de recruter, parmi les franges les plus fragiles, tant moralement que financièrement, de la société. En ce qui concerne la désormais «affaire El-Para», Zerhouni a déclaré que ce dernier n'a plus la même importance qu'auparavant vu que celui-ci a quitté le territoire national depuis longtemps. Il tente, dès lors, de démontrer que ce terroriste «ne peut en aucun cas aider à fournir de précieuses informations sur les réseaux actifs du Gspc». Une supposition qui reste quand même à prouver, attendu qu'Al-Para avait tous les moyens technologiques de demeurer en contact avec les maquis algériens, mais aussi avec Ayman Zawahiri, bras droit de Ben Laden et cerveau des attentats du 11 septembre 2001. Ce n'est pas tout. Zerhouni lui-même a admis depuis deux jours, à partir d'Alger, que «des contacts ont lieu avec N'djamena dans le but d'extrader Amari Saïfi, alias El-Para». Il semble, donc, que le ministre de l'Intérieur, cherchât surtout à éluder cette question délicate, qui avait failli causer un incident diplomatique entre l'Algérie et le Tchad. De même, il a «adroitement» éludé la question relative à sa possible nomination au poste de ministre de la Défense. «Posez plutôt la question à ceux qui font circuler cette rumeur», dit-il en guise d'épilogue à une interrogation qui, pour lui, ne devait pas en être une. Mouvement dans le corps des chefs de daïra Yazid Zerhouni, qui a procédé à l'installation du nouveau wali de Skikda, Melizi Tahar, l'ancien wali d'Annaba venu remplacer Salhi Djamel Edinne muté vers la wilaya de M'lila, a également annoncé que «l'Etat n'a nullement l'intention d'envisager un nouveau découpage» ajoutant qu' «il est encore tôt pour parler de ça, car l'Etat a d'autres préoccupations». Il a déclaré que prochainement l'Etat va débloquer 50 milliards de dollars pour le programme de développement économique tout en insistant sur l'importance de ce plan qui complète celui qui l'a précédé. Dans son allocution devant les cadres de la wilaya, le ministre a également déclaré que la wilaya a bénéficié, tous programmes confondus, cela pour la première fois de son histoire, d'un montant global de 26,970 milliards de dinars dont 4,928 au titre du programme complémentaire retenu suite à la visite du président de la République. Additivement à cette enveloppe, la wilaya a bénéficié au titre du programme centralisé de 12,594 milliards de dinars consacrés au gaz, à l'habitat et au Pndra. D'autre part, le ministre de l'Intérieur a annoncé, lors du briefing animé dans la salle d'honneur de la wilaya, que bientôt un changement aura lieu dans le corps des chefs de daïra car ces derniers ont occupé ce postependant plus de cinq ans.