«J'ai été coincé pendant des heures à proximité de la nouvelle gare inter-wilaya de Kaf-Ennaâdja» Les milliers d'automobilistes, coincés, ne pouvaient plus ni avancer ni reculer. Il a fallu aux concernés patienter pendant des heures jusqu'à la tombée de la nuit pour pouvoir s'extirper de ce véritable bourbier. Fin de journée très éprouvante pour les milliers d'automobilistes qui ont eu la malchance d'avoir emprunté la Route nationale 12 reliant Tizi Ouzou à plusieurs grandes villes de la wilaya comme Azazga, Larbâa Nath Irathen, Azeffoun, Aïn El Hammam, Bouzeguène, Mekla... Et pour cause: aux environs de seize heures, jeudi dernier, des citoyens occupant un bidonville à Oued Aissi, à proximité de l'hôpital psychiatrique «Fernane-Hanafi» et à cinq kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou ont subitement occupé la RN 12 des deux côtés. Cette dernière a été barricadée par toutes sortes d'objets hétéroclites rendant ainsi toute circulation automobile impossible. Cette action de protestation est intervenue en fin de journée alors que depuis la matinée, tout avait plutôt l'air tout à fait normal sur ce chemin qui est le plus fréquenté de la wilaya de Tizi Ouzou, faut-il le rappeler. Comme la quasi-totalité des automobilistes ignoraient l'existence de cette action de protestation, ils ont ainsi été pris en sandwich en pleine autoroute. On peut deviner aisément le branle-bas de combat qui s'en est suivi. Les milliers d'automobilistes, coincés, ne pouvaient plus ni avancer ni reculer. Il a fallu aux concernés patienter pendant des heures jusqu'à la tombée de la nuit pour pouvoir s'extirper de ce véritable bourbier. C'est alors qu'un seul semblant de solution s'imposa de fait aux automobilistes. Il consista à défier le Code de la route avec une rare témérité en faisant demi-tour en pleine autoroute et rouler en sens inverse pour sortir de cette «prison». Les automobilistes ont tous rebroussé chemin. Ceux qui sont partis de Tizi Ouzou sont revenus vers cette dernière alors que ceux qui s'y dirigeaient ont été obligés de faire machine arrière. «Je pensais avoir bien fait de contourner la ville de Tizi Ouzou en passant par l'autoroute dite la rocade Sud. Mais mon choix s'est avéré complètement malvenu puisque j'ai été coincé pendant des heures à proximité de la nouvelle gare inter-wilaya de Kaf-Ennaâdja. En plus, je ne savais même pas ce qu'il y avait un peu plus loin et qui provoquait cet interminable bouchon. Je voyais tous les automobilistes faire demi-tour. Et j'ai fait comme eux. Après une attente des plus éprouvantes, j'ai pu aboutir à la bretelle qui mène vers Ath Douala. J'ai encore longuement attendu avant de réussir à revenir à la ville de Tizi Ouzou», témoigne un chauffeur de taxi qui a perdu une demi-journée pour une course de 500 dinars... à cause de cette action de protestation improvisée. On imagine mal la fin qu'aurait pris cette mésaventure sans l'intervention des services de sécurité qui ont réussi à mettre de l'ordre au milieu d'une cacophonie qui n'a épargné aucune route menant vers le centre ville de Tizi Ouzou. Jusqu'à vingt heures, la situation ne s'était que légèrement améliorée car les conséquences du blocage du flux automobile pendant des heures étaient lourdes. Il y a lieu de rappeler que ce n'est pas la première fois que les habitants du bidonville de Oued Aïssi barrent la RN 12 pour exiger des autorités concernées qu'on leur attribue des logements sociaux pour mettre fin à leur calvaire. Lors de la dernière action similaire ayant eu lieu au même endroit il y a quelques semaines, les autorités locales auraient promis aux concernés de prendre en charge de manière efficace ces doléances. Mais, depuis ce jour, «rien n'a été fait» d'après les protestataires. C'est pourquoi ils ont décidé de réinvestir la rue de nouveau.