Un départ qui ne réjouit vraiment pas ce magistrat qui utilise son poste sensible pour nuire à l'image de l'Algérie Ce magistrat versait son «venin» depuis près de dix ans contre l'Algérie en tentant désespérément de la plonger dans les marécages de Tibhirine. Voici un départ qui ne risque pas d'être pleuré en Algérie. Le juge français Marc Trévidic, spécialisé dans la lutte anti- terroriste, ou plutôt dans l'anti-Algérie, a été poussé vers la sorite. L'information donnée en exclusivité, mercredi dernier, par le Nouvel Observateur a été confirmée, le lendemain par le reste de la presse française. Selon eux, le nom de Marc Trévidic est apparu le 27 mars sur «la transparence», la liste des changements d'affectation prévus dans la magistrature pour les mois qui viennent. Un départ qui ne réjouit vraiment pas ce magistrat qui utilise son poste sensible pour nuire à l'image de l'Algérie. «Une loi précise que personne ne peut rester plus de dix ans d'affilée dans une fonction spécialisée», indique-t-il à «L'Obs». «Il n'y a donc pas grand-chose à dire», a t-il rétorqué au même canard. En effet, un texte de loi français, datant du 25 juin 2001, adopté sous le gouvernement de Lionel Jospin interdit la «sédentarité» dans le même poste supérieur, à moins qu'il renonce à un avancement que seule permet la mobilité. Chose que ne fera sûrement pas ce carriériste qui est allé jusqu'à «jouer» avec les têtes des moines de Tibhirine pour se faire connaître. Marc Trévidic aurait, selon les mêmes sources, déjà opté pour la vice-présidence du tribunal de grande instance de Lille. En juin, le Conseil supérieur français de la magistrature instruira sa demande, que le ministère de la Justice française a d'ores et déjà annoncé soutenir. Pourvu qu'il quitte son poste, ont l'air de lui dire les autorités françaises. Car, il faut admettre que le juge Trévidic est l'un des derniers points noirs de l'espace du ciel de plus en plus clair entre Alger et Paris... Avant cette mise à l'écart, le juge Trévidic avait même été taclé par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait appelé au «respect du droit algérien» dans l'affaire des moines de Tibhirine exécutés par les terroristes du GIA, le 21 mai 1996 à Médéa. «La procédure doit respecter le droit algérien comme le droit français», avait-il soutenu à la presse lors de sa visite en Algérie. Ce magistrat versait son «venin» depuis près de dix ans contre l'Algérie en tentant désespérément de la plonger dans les marécages de Tibhirine. Manquant cruellement d'objectivité, ce partisan du «qui-tue-qui» en Algérie a tout fait pour remettre au goût du jour cette infâmie. Il ne se passait pratiquement pas une semaine sans qu'il ne sorte une déclaration tapageuse contre les autorités algériennes, coupables d'après lui de bloquer l'enquête sur l'assassinat des moines. Faisant fi de son obligation de réserve, il a outrepassé son rôle d'enquêteur pour prendre celui d'accusateur. Il a même tenté de faire porter le chapeau de l'assassinat des pauvres moines à l'Armée algérienne, alors que même les autorités françaises avaient contredit cette sale thèse du complot. Jean-Charles Marchiani, ancien officier de la Dgse, ex-préfet du Var et proche de Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur. Marchiani avait témoigné dans un documentaire produit par France 3 et réalisé par Malik Aït Aoudia sur les résultats de l'enquête menée au moment du drame par les services secrets français, qui validaient la thèse algérienne selon laquelle le GIA serait l'unique responsable des assassinats des moines de Tibhirine. Mais ce «juge» dont les objectifs réels étaient loin de ceux de trouver la vérité, n'a pas été satisfait par ces témoignages. Il a harcelé les autorités algériennes pour pouvoir se rendre ici et déterrer les têtes des victimes et les terribles souvenirs qui vont avec. Au passage, il a insulté les experts algériens en remettant en cause leurs compétence et qualification. Eux qui ont pourtant reçu des formations dans les grandes écoles américaines spécialisées dans ce domaine et sont habitués à des analyses plus complexes et plus délicates avec du matériel ultrasophistiqué. Ces experts ont réussi d'ailleurs en un temps record à identifier les corps carbonisés lors de l'attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine. Mais Marc Trévidic en a «jugé» autrement! Alors, pour ne pas amplifier la polémique, Alger, qui n'a rien à se reprocher, a finalement accédé à la demande du juge «anti-Algérie». Le 14 octobre dernier, il atterrit à Alger avec sa collègue Nathalie Poux pour participer à l'expertise des têtes des religieux français, enterrées dans les jardins de leur ancien monastère isolé de Tibhirine, près de Médéa (80 km au sud d'Alger). Ils s'est aussi rendu sur les lieux du drame avant de rentrer bredouille en France puisque son expertise n'aura fait que confirmer l'expertise algérienne. Pas satisfait de la vérité, il décide alors en novembre de demander une nouvelle commission rogatoire internationale pour obtenir la possibilité d'examiner lui-même et son équipe les prélèvements effectués sur les crânes des moines. Néanmoins, la loi a fini par le rattraper pour mettre fin à son cirque! Une fin très paradoxale quand on s'appelle le juge Trévidic et qu'on joue avec cette même loi depuis plus de dix ans...