L'Enag réédite en arabe l'ensemble de l'oeuvre du virevoltant Tahar Ouettar. L'édition nationale en dépit des efforts consentis par quelques maisons publiques et privées, demeure en deçà des attentes. Les pouvoirs publics. notamment le ministère de la Culture y sont pour beaucoup, tant l'on ne daigne pas élaborer une politique nationale du livre, comme cela se passe partout ailleurs. Pour autant, les éditeurs les plus actifs sur la scène, s'adonnent depuis l'ouverture du Salon international du livre d'Alger, à une véritable démonstration de force dans laquelle chacun fait valoir son «neuf à lui». De fait. l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag), pionnière dans le marché, semble vouloir saisir l'occasion du salon pour mettre le paquet. Après avoir édité, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. l'ensemble de l'oeuvre de Tahar Ouettar en langue française, elle revient cette fois-ci à la charge pour mettre sur ses étals les treize titres du même auteur, en arabe. Quoi de plus rassurant pour l'édition nationale dans la mesure où d'autres écrivains plus ingénieux, dont les défunts Kateb Yacine, Mohamed Dib... et dont les droits d'auteurs restent à ce jour, entre les mains de maisons d'éditions françaises. Chihab Edition, pour qui l'événement n'est pas encore sorti de son carcan «folklorique» ne compte pas, elle non plus faire dans la diversion. Abdallah Benadouda. responsable de l'entreprise qui avait boycotté l'année dernière la huitième édition du salon se veut pour autant rassurant quant à la place de choix que Chihab occupe sur le marché. «Au-delà des obstacles récurrents, nous continuons à améliorer la qualité de nos ouvrages aussi bien pour ce qui est du papier que sur le plan graphique», dit-il. Pour ce rendez-vous Chihab a présenté ses tout derniers produits. Il aura pitié de nous, roman de Rochd Djeguouadi, Lunes impaires, recueil de chroniques et de nouvelles de Chawki Lamari, chroniqueur actuellement au quotidien El Watan, Les porteurs d'espoirs de Jacques Charby, témoignages sur les hommes et femmes activant lors de la guerre de Libération, dans les réseaux de soutien du FLN en France. Aux rayons de Marsa Editions, l'on est pas moins lotis. Le cheval de bataille de cette société qu'est la littérature continue donc à faire long feu. Il y a d'abord le dernier numéro 77-78, d'Algérie littérature action, le seul périodique à vrai dire, qui traite de manière efficiente l'actualité littéraire. Outre l'hommage dédié à Mohamed Dib, la revue a ouvert ses pages sur de nombreux thèmes qui tiennent tantôt à la poésie, tantôt à la bande dessinée en passant, comme souvent, par la production romanesque de la nouvelle génération d'écrivains. Présent aussi sur les étals de Marsa, L'albatros de Nadjia Abeer, un roman avec lequel la société entend frapper un grand coup. Mais si l'on parle de nouveauté chez Marsa Editions, c'est que, une première, l'intérêt commence à dépasser la vocation littéraire de la maison pour toucher un peu plus à la politique, voire même à la géopolitique. Outre les ouvrages d'Aïssa Khelladi, propriétaire de la maison, notamment son dernier-né, La démocratie à l'algérienne (2004), d'autres titres, dont l'autre revue Confluences, qui traite, celle-là, des questions politiques dans une dimension géostratégique.