Des opposants syriens ambitionnent de former un rassemblement susceptible d'être une alternative à l'actuelle Coalition syrienne en exil, et d'ouvrir des négociations avec Damas pour mettre fin à la guerre civile. Au moins 150 opposants de l'intérieur ou vivant à l'étranger devraient se réunir début mai au Caire lors d'une «Conférence nationale démocratique syrienne», selon les organisateurs. Ils devront adopter une «Charte nationale syrienne» et une feuille de route, a affirmé l'un d'eux, Haytham Manna, un vétéran de l'opposition. «La Coalition n'a jamais été capable de représenter l'ensemble de l'opposition syrienne car elle s'est autoproclamée unique représentante de l'opposition et de la société syrienne, alors que beaucoup de composantes en sont exclues», affirme-t-il. «Notre objectif au contraire c'est de mettre sur pied une délégation qui soit équilibrée, représentative, démocratiquement choisie, n'excluant personne, pour confronter la délégation gouvernementale dans les négociations», souligne-t-il. La Syrie est déchirée depuis quatre ans par des violences qui ont fait plus de 215 000 morts. Depuis, l'opposition politique a été incapable d'afficher un front commun, minée par les divisions et les ingérences étrangères, alors que sur le terrain sont actifs de nombreux groupes hostiles au régime, dont les jihadistes. Alors qu'aucune solution politique au conflit ne semble en vue, le nouveau rassemblement de l'opposition se veut plus pragmatique que la Coalition. Cette dernière a d'abord été sous l'influence du Qatar, puis de l'Arabie saoudite, et aujourd'hui, «son président Khaled Khoja est considéré comme l'homme de la Turquie et proche des Frères musulmans», explique l'expert Aaron Lund sur le site «Syria in Crisis». «Comme Ankara, Khaled Khoja a adopté une ligne dure dans les négociations de paix, en affirmant qu'elles doivent porter sur comment et non pas si Assad doit démissionner», explique-t-il. Selon M.Manna, le nouveau mouvement insiste, lui, sur «l'engagement régional et international pour faire aboutir les négociations sur la base du communiqué de Genève, l'établissement d'un agenda précis et l'engagement ferme du Conseil de sécurité de l'ONU à faire respecter les décisions prises». A l'été 2012, les grandes puissances avaient rédigé un communiqué à Genève appelant à former un gouvernement de transition, mais sans évoquer clairement le sort du président Assad. «Nous négocierons avec l'équipe d'(Assad) et (...) tous les sujets seront sur la table y compris le sort d'Assad», assure M.Manna.