S'il est une valeur que tout Etat, qui aspire à édifier une nation qui résiste aux hommes et aux crises, doit absolument cultiver, c'est bien la Justice. En fait, plus qu'un simple concept, la Justice est l'épine dorsale d'un projet de société moderniste. L'Etat peut lancer les programmes de développement les plus ambitieux, les gouvernants peuvent discourir des heures durant sur l'importance de n'importe quelle réforme, si ces actions et ces discours ne sont pas accompagnés d'une démarche qui donne à la Justice toute sa dimension, autant dire alors que la nation n'a aucune chance de connaître une prospérité véritable. Ce n'est donc pas un hasard si le président de la République, sans doute conscient de cet état de fait, a, à l'entame de son premier mandat, ouvert prioritairement le chantier de la Justice. Cela dit, la tâche n'est certainement pas aisée, sachant l'immense retard accumulé par l'Algérie dans ce domaine. Il existe certes, des hommes de loi honnêtes dans ce pays, mais force est de reconnaître également que beaucoup de dossiers ont été traités, non pas dans une salle d'audience, mais dans un café discret. La corruption, disons-le franchement, est bel et bien présente au sein de notre institution judiciaire, en des proportions pas négligeables du tout. Les efforts fournis jusque-là pour mettre un terme à ce phénomène qui, non seulement salit l'image de la justice algérienne, mais retarde aussi considérablement l'évolution du pays vers un Etat de droit, doivent être poursuivis, voire accélérés. Il y va de l'avenir de la nation, puisque avec une Justice dépendante de cercles maffieux, il serait très difficile de convaincre des investisseurs à s'installer dans le pays. L'une des plus importantes garanties que demandent ces derniers, est la certitude d'avoir affaire à une Justice indépendante en cas de conflit commercial. C'est dire l'importance d'une institution judiciaire pour un peuple qui aspire à un bien-être social et économique. Mais, comme l'a précisé le chef de l'Etat dans son discours au Conseil supérieur de la magistrature, «la justice demeurera un «vain mot» sans l'engagement des magistrats». Aussi, l'essentiel du travail doit-il être fait par des hommes et des femmes qui portent sur leurs épaules l'un des plus importants fardeaux de l'Algérie moderne. La mission est difficile, mais réalisable. La volonté politique existe. C'est déjà un très bon point de départ pour une réforme efficace de la Justice.