«La copie de la tutelle a été en deçà des attentes des enseignants du supérieur» Après maintes tentatives de dialogue durant ces quatre derniers mois, le Cnes revient à la charge et entend faire aboutir ses revendications quel qu'en soit le prix. Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) observe une grève de trois jours depuis hier. Cette grève, touchant plusieurs universités, notamment du Centre, à l'image de l'université de Tizi Ouzou, celles de Boumerdès, d'Alger et de Béjaïa, intervient après plusieurs tentatives de dialogue avec la tutelle qui, pour toute réponses aux syndicalistes du Cnes, s'est contenté de faire des promesses. C'est lors de la dernière réunion du Conseil national consacrée à l'examen de nombre de questions liées aux conditions de travail au sein de l'université que la décision relative à la grève a été prise. Pourtant, le Cnes avait pris part aux pourparlers, qui ont duré plus de six mois avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique concernant la révision du statut particulier. «La copie de la tutelle a été en deçà des attentes des enseignants du supérieur», soutient M.Rahmani, président du Cnes qui a ajouté, à l'issue de la réunion du Conseil national du syndicat du supérieur que «le Cnes rejette formellement le projet de décret exécutif modifiant et complétant celui portant statut particulier de l'enseignant-chercheur, qui implique un recul par rapport au texte initial. Par ailleurs, outre la révision du statut «pour permettre une progression décente dans la carrière», le Cnes, qui durant des années privilégiait le dialogue, réclame la révision du régime indemnitaire. «La dernière augmentation de salaire date de 2008. Près de 25.000 enseignants ont été recrutés après cette date et n'ont ainsi jamais connu d'augmentation», souligne M.Rahmani. «Avec des salaires obsolètes et en l'absence d'une solution concrète au problème du logement, le professeur d'université n'est pas à l'abri de conditions précaires qui doivent interpeller les pouvoirs publics», estime-t-il. A l 'aune de cette situation qui, selon les enseignants universitaires, va de mal en pis, la radicalisation du mouvement est déjà en cours. Pour Samy Ould Ouali, coordinateur de la section Cnes de l'université de Tizi Ouzou, la révision du statut de l'enseignant chercheur constitue une grande pression. Mais assure-t-il, «le Cnes est déterminé à aller jusqu'au bout de ses revendications et quel qu'en soit le prix». «Nous avons engagé un dialogue avec la tutelle depuis quatre ans et ça n'a donné aucun résultat. Aujourd'hui, nous ne voulons plus de promesses, nous exigeons des réponses concrètes et immédiates», fulmine M.Ould Ouali qui annonce une marche des enseignants universitaires et des étudiants, demain à Tizi Ouzou. Par ailleurs, concernant le retour du Cnes sur la scène après plusieurs années d'absence, Samy Ould Ouali s'explique en disant que, «d'une part, la restructuration du syndicat a pris du temps et, d'autre part, nous avons longtemps été dans une optique de dialogue et c'est l'inanité de cette démarche qui nous pousse aujourd'hui à réinvestir le terrain».