Pourquoi notre aéroport n'est pas comme celui de la Turquie ou de Doha? Le ministre des Transports a tenu à souligner, hier, que l'ouverture du ciel algérien est une prérogative absolue du Premier ministre. Entre dénonciation et indignation. Les députés de l'Assemblée nationale ont crevé l'abcès sur la compagnie nationale Air Algérie. Retards énormes, pertes de bagages, absence de prise en charge, manque d'information et d'orientation, des prestations de services médiocres, corruption et passe-droits. Ce sont autant de problèmes soulevés hier par les intervenants au débat sur le projet de loi sur l'aviation civile. Les élus du peuple ont complètement occulté le texte de loi pour dresser un réquisitoire sévère sur la situation de la compagnie nationale, qu'ils qualifient de catastrophique. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, les députés étaient unanimes dans leur constat. Les élus du parti majoritaire étaient les premiers à ouvrir le feu. Le député Lyès Saâdi a carrément parlé de société familiale dont les recrutements se font sur recommandations de tel et tel responsables, loin de tous critères de professionnalisme. «On ne peut pas continuer à gérer la compagnie de cette façon, vous voulez la casser, alors vous n'avez qu'à la privatiser», a-t-il dénoncé en estimant que le monopole a cassé la compagnie. Le député Zeggad a également dénoncé les procédures de recrutement au niveau de la compagnie en citant une série de noms des proches de hauts responsables qui occupent des postes à l'étranger dont la liste a été établie par l'association algérienne dénonciatrice de la cherté des billets sur Alger. «Comment voulez-vous parler de la qualité de prestations de services en l'absence de contrôle et d'impunité», a martelé ce député proche de Karim Tabbou. «Cette société est devenue synonyme de corruption et d'héritage.» «Air Algérie est un Etat à l'intérieur d'un Etat», a estimé pour sa part le député Nacer Hamdadouche de l'Alliance de l'Algérie verte qui dénonce également les procédures de recrutement. Othmane Laouer de la même formation estime que voyager à bord de la compagnie est devenu un calvaire. «La chose primordiale est la sécurité et la prestation de service, mais malheureusement il n'y a ni prestation de service ni sécurité», a-t-il déploré en expliquant que c'est le monopole qui a conduit à cette situation. Le système de contrôle, souligne-t-il, n'existe même pas au niveau de la compagnie et personne n'a de comptes à rendre à l'autre. Le député du RND, Mihoubi Kerak, a également dénoncé l'anarchie et le laisser-aller au sein de ce secteur. «Nous occupons la dernière place dans le classement des aéroports», a-t-il estimé, en affirmant que l'aéroport international d'Alger est loin de répondre aux normes internationales en matière de sécurité et de prestations de services. «L'aéroport international est une gare pour le transport des passagers et la gare du Caroubier est mieux dotée de services», a-t-il jugé. Ce député ne comprend pas comment l'Etat a dépensé des milliards de dollars alors que les prestations n'existent même pas. «Pourquoi notre aéroport n'est pas comme celui de la Turquie ou de Doha?», s'est-il demandé en précisant que les moyens financiers existent. Le député du RND est allé jusqu'à dire au ministre: «Vous avez hérité d'un secteur miné de corruption et de lobbies.» Par ailleurs et lors de la présentation du projet de loi, le ministre des Transports, Amar Ghoul, est revenu sur l'ouverture du ciel aérien au privé. «La loi en vigueur autorise aux compagnies privées l'accès au marché du transport aérien», a-t-il affirmé tout en précisant que «l'accès est tributaire d'une autorisation d'exploitation délivrée par le gouvernement». M.Ghoul a assuré que l'ouverture de l'open sky n'est pas à l'ordre du jour. Il a tenu à souligner que l'ouverture du ciel algérien est une prérogative absolue du Premier ministre. Une déclaration qui a rassuré les députés du Parti des travailleurs qui ont sévèrement critiqué cette décision.