Le dernier rapport annuel du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental «a été négocié avec le Maroc», a déclaré le 23 avril Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario à l'ONU. En estimant qu'il n'est pas utile d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme Ban ki-moon cautionne la violence exercée par le Maroc contre le peuple sahraoui. Les rapports des organisations internationales de défense des droits de l'homme sur l'usage de la violence et de la pratique de la torture par les forces d'occupation marocaine contre les populations sahraouies n'ont pas suffi à émouvoir le SG de l'ONU pour juger important de proposer l'instauration d'un mécanisme de protection des droits de l'homme dans les territoires annexés par le Maroc. Comme il a vraisemblablement fait la sourde oreille aux nombreux messages que lui a adressés le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, pour les protéger des violences policières marocaines qu'elles subissent de manière constante. La décision d'un juge espagnol de poursuivre 11 hauts fonctionnaires marocains dont un colonel de la gendarmerie royale pour «faits de génocide» a elle aussi été passée sous silence. Le Conseil de sécurité va donc adopter mardi prochain une nouvelle résolution sur le Sahara occidental dans laquelle ne figurera pas la mise en oeuvre d'un instrument de surveillance des droits de l'homme. A l'initiative des Etats-Unis elle s'alignera sur le rapport rendu public le 10 avril par le SG de l'ONU. Elle ressemblera aux précédentes, et prolongera dans les mêmes termes le mandat de la Minurso, pour conforter le statu quo dans lequel est plongé le conflit du Sahara occidental et attester de la faillite de Ban ki-moon dans la recherche d'une solution définitive juste et équitable à ce dossier. A ce stade, la Minurso dont l'objectif est d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental ne revêt qu'une présence symbolique. «Abandonner cet objectif, va imposer au Front Polisario à revoir sa coopération avec la Minurso», a déclaré le Coordonnateur sahraoui avec la Minurso, M'hamed Khadad, mercredi dernier à l'agence Reuters. «Le Front Polisario ne peut pas accepter que cette mission se déplace dans les territoires sahraouis comme s'il s'agissait de territoire marocain» a-t-il souligné. Le représentant du Front Polisario à l'Onu n'a pas, quant à lui, été par quatre chemins. Il dénonce carrément un parti pris de l'Organisation des Nations unies. Le dernier rapport annuel du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental «a été négocié avec le Maroc», a déclaré le 23 avril Ahmed Boukhari, faisant référence à la conversation téléphonique du mois de Janvier entre le successeur de Kofi Annan et le monarque alaouite, Mohammed VI. Ban ki-moon a-t-il prêté allégeance au roi? «Le groupe de pression pour la résolution de ce qui a été appelé dernier vestige du passé colonial en Afrique accuse le chef de l'ONU de marchander une position plus ferme sur le Sahara occidental au cours d'un appel téléphonique récent avec le roi du Maroc», a rapporté Associated Presss qui a répercuté les déclarations du diplomate sahraoui. «Au Sahara occidental se trouve la seule force de maintien de la paix de l'ONU sans mandat pour surveiller les droits humains, alors que les associations des droits humains affirment que le Maroc utilise la violence pour étouffer les voix dissidentes», a souligné Ahmed Boukhari. Une anomalie qui ne semble pas préoccuper outre mesure M.Ban.