Cette divergence de vues est susceptible de retarder considérablement la construction de l'UMA. L'Algérie et le Maroc se sont encore une fois accrochés sur le dossier du Sahara occidental, par ONU interposée. En effet, très attendus sur cette question, les deux chefs d'Etat ont, dans leurs discours respectifs, réaffirmé les positions de leurs pays sur ce sensible dossier qui mine la construction du Grand Maghreb. Le président de la République n'a pas manqué, dans son intervention, de rappeler que «l'ONU a, depuis longtemps, clairement établi que le Sahara occidental était un territoire non autonome relevant de la résolution 1514. Le Plan de paix unanimement accepté par le Conseil de sécurité prévoit un cadre de règlement juste et définitif à travers le libre exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination». Le chef de l'Etat a, en outre, précisé que toute tentative d'inscrire la question du Sahara occidental dans un contexte autre que celui du parachèvement d'un processus de décolonisation relevant de la responsabilité des Nations unies «ne peut que conduire à un échec et retarder un règlement définitif». De son côté, le roi Mohammed VI, diminué par l'absence de référence légale pour appuyer la thèse marocaine, a simplement émis le voeu de «coopérer de manière sincère et déterminée avec les Nations unies et avec toutes les parties concernées, afin de parvenir à une solution politique, négociée et définitive dans le cadre de la légalité internationale, une solution garantissant la souveraineté, l'unité nationale et l'intégrité territoriale du royaume». Autant dire donc que le problème du Sahara occidental est parti pour ne pas trouver une issue rapide, cela malgré l'isolement du Maroc qui a été récemment surpris par la reconnaissance par l'Afrique du Sud de la République sahraouie. Tenant l'Union du Maghreb arabe en otage, le roi du Maroc a été on ne peut plus clair dans son discours en relevant que l'annexion du Sahara occidental favoriserait «l'intégration maghrébine (et) permettra à l'Union du Maghreb arabe de jouer pleinement son rôle dans son environnement méditerranéen». Laquelle intégration maghrébine est vue par l'Algérie comme «un objectif suffisamment élevé pour dépasser les malentendus ou les différends qui peuvent se présenter entre les pays de la région», a souligné le chef de l'Etat qui a tenu à préciser que l'Algérie ne ménage pas sa contribution à la réalisation du projet de l'UMA «qui cristallise les aspirations et les ambitions des peuples du Grand Maghreb». Cette divergence de vues, qui ne date pas d'ailleurs pas d'hier, est susceptible de retarder considérablement la construction de l'UMA, ensemble régional sur lequel misent les Américains et les Européens. Soutenu seulement par la France, le Maroc a tenté hier de montrer patte blanche devant la communauté internationale dans l'espoir de voir le Conseil de sécurité nuancer sa position sur la question du Sahara occidental. L'Algérie elle, par la voix de son président, n'a fait ni plus ni moins que de mettre cette même communauté internationale devant ses responsabilités pour passer à la mise en branle d'un processus de décolonisation, inscrit dans le cadre de la légalité internationale.