Profondément divisés quant à la suite à donner au plan Baker, l'Algérie et le Maroc préparent activement un Sommet à deux, destiné à garantir la réunion des chefs d'Etat de l'UMA, prévue avant la fin du semestre en cours. Alors que Yazid Zerhouni est attendu au Maroc pour préparer une rencontre entre Bouteflika et Mohamed VI, le ministre des Affaires étrangères marocain souffle le chaud et le froid sur la question de l'Union du Maghreb arabe. Interrogé par un confrère arabe, Mohamed Benaïssa a vu dans la dernière session des ministres des Affaires étrangères de l'UMA «une volonté clairement affirmée de réactiver les instances de l'Union.» Le ministre marocain n'a pas manqué, par la même occasion, de renouveler ses regrets quant à la persistance de la fermeture des frontières entre son pays et l'Algérie, «au moment où les préparatifs pour l'organisation d'un Sommet à deux sont bien avancés.» Au chapitre du Sahara occidental, tout en affirmant la volonté de son pays d'évacuer le sujet dans le cadre de l'UMA, il revient tout de même sur la troisième voie suggérée par James Baker et contestée par nombre de pays, dont l'Algérie. Pour Mohamed Benaïssa, «le plan Baker est l'option de la dernière chance. Toute entrave à son application équivaut à retarder la construction de l'Union du Maghreb arabe.» Autrement dit, sous des dehors «volontaristes», la position du Maroc n'a pas fondamentalement évolué vis-à-vis de l'UMA, pratiquant toujours le chantage qui consiste à faire admettre à l'Algérie une solution marocaine au conflit au Sahara, contre le dégel effectif de l'UMA. Cependant, le ton conciliant du représentant du royaume chérifien et la perspective d'un Sommet Bouteflika-Mohamed VI, renseignent sur la disponibilité du Maroc à négocier avec l'Algérie le principal dossier qui se met en travers de la construction du Maghreb. La visite annoncée de Zerhouni à Rabat entre justement dans le cadre de la préparation dudit sommet, même si, diplomatiquement, on assure qu'elle intervient en réponse au séjours effectué par le ministre marocain de l'Intérieur en Algérie, il y a un mois de cela. Cette volonté de dégel que certains observateurs mettent sur le compte d'une énième tentative du palais royal de convaincre l'Algérie à s'aligner sur la troisième voie, est susceptible d'être un coup d'épée dans l'eau, si l'on tient compte de l'acharnement du Maroc à vouloir lier les deux processus. Cela dit, la perspective même d'un Sommet, destiné à aplanir les différends entre les deux pays avant d'aller vers une réunion à cinq, est, en soi, un pas qualifié de positif par toutes les capitales de l'UMA.