Le roi Salmane accueille son premier sommet du CCG Le Conseil de coopération du Golfe tient, aujourd'hui, un nouveau sommet pour évaluer l'impact des frappes contre le Yémen mais aussi le degré de pénétration du chiisme dans la région. Les dirigeants des monarchies du Golfe tiendront leur sommet qui survient dans un contexte de crispation des relations avec l'Iran, accusé par ses voisins arabes d'ingérence dans leurs affaires internes. L'Iran avait qualifié par le passé les régimes d'Arabie saoudite et de Bahreïn de laquais des Etats-Unis. Il y a quelques années, il y avait aussi l'éventualité d'une extension de cette organisation au Maroc et à la Jordanie qui était annoncée. Le CCG, organisation régionale regroupant six monarchies arabes sunnites productrices d'hydrocarbures (le Bahreïn, l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Koweït et Oman), voulait aussi et aspire toujours à traverser «les révolutions arabes» sans éprouver la stabilité politique de l'ensemble des pays de la région même si le Bahreïn a vu son régime menacé à l'issue de sa répression de la contestation populaire. Ce royaume gouverné par une dynastie sunnite mais abritant une population majoritairement chiite, illustre la crainte majeure des régimes du GCC, celle d'une menace chiite de l'intérieur, manipulée par l'Iran voisin mais aussi reliée à un arc chiite, supposé courir de l'Iran à l'est, à Ghaza avec le Hamas et à l'ouest, en passant par les régions d'implantation chiite de l'est de l'Arabie saoudite, du Koweït et du Bahreïn et l'Irak avec un gouvernement en majorité chiite, la Syrie et le Hezbollah. Il n'est donc pas étonnant que la réunion du Conseil de coopération du Golfe se penche sur l'Iran et le chiisme. Il s'agit donc de constituer un front commun de monarchies non face aux dangers des révoltes populaires dans la région mais contre l'expansionnisme iranien supposé enserrer cette région. D'ailleurs, la participation de François Hollande au sommet extraordinaire du Conseil de coopération du Golfe devrait être l'occasion de réaffirmer la convergence de vues entre Paris et les principaux Etats de la région, sur la fermeté jugée nécessaire face à l'Iran comme sur les différentes crises qui secouent la région. Le renforcement des relations stratégiques entre la France et le Golfe, auquel le président français s'emploie depuis son arrivée à l'Elysée en 2012, a connu jeudi une nouvelle illustration spectaculaire avec l'annonce de la commande par le Qatar de 24 exemplaires du chasseur Rafale et de missiles, un contrat de 6,3 milliards d'euros. L'un des sujets qui s'invite au sommet est également le dossier de la guerre en Syrie sans oublier un point de situation sur le dossier de Daesh. En outre, le déplacement de François Hollande intervient dix jours avant une visite de plusieurs dirigeants du Golfe aux Etats-Unis pour un sommet avec Barack Obama. Les grandes puissances mondiales comptent ainsi influer davantage sur les négociations à propos de l'Iran pour plaire aux Saoudiens confirmant que la vision stratégique de ces puissances intègre la région. Entamé pendant la présidence de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, le virage diplomatique français en direction des Etats du Golfe a commencé à payer: en un an, Paris a conclu plus de 13 milliards d'euros de contrats militaires dans la région.