Les pays exportateurs de pétrole enregistrent une croissance stable en dépit de la chute des prix du pétrole, mais devront réduire leurs dépenses, selon le FMI. La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord connaît une reprise économique modeste, en dépit de la forte baisse des prix du pétrole et de l'intensification des conflits, note le FMI dans son dernier rapport sur la région. Selon la Mise à jour des Perspectives économiques régionales, publiée le 5 mai, la croissance s'accélérera légèrement pour avoisiner 3% en 2015. Toutefois, les taux de croissance, même s'ils sont en hausse, restent trop faibles pour réduire de manière significative le chômage qui reste élevé dans la région. «Bien que les pays de la région aient accompli des progrès dans la mise en oeuvre des réformes, il reste du travail à accomplir non seulement pour stabiliser l'économie, mais aussi pour rehausser les perspectives économiques d'une manière durable et inclusive», a déclaré Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors d'une conférence de presse organisée à Dubaï. Par ailleurs, a-t-il noté, l'intensification récente des conflits en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen pèse sur l'activité économique et la confiance, et constitue un risque considérable pour les perspectives de la région. Selon le FMI, la croissance dans les pays exportateurs de pétrole de la région a atteint environ 2,5% en 2014 et devrait rester à ce niveau en 2015. L'an prochain, la croissance devrait monter à 3,5%, mais, pour que cette prévision se réalise, la situation sécuritaire devra se stabiliser et la production de pétrole se redresser dans les pays exportateurs de pétrole hors Conseil de coopération du Golfe. En dépit d'une baisse de moitié des prix du pétrole entre juillet 2014 et avril 2015, les pays exportateurs de pétrole ont réussi à maintenir leur croissance stable en utilisant les amortisseurs financiers qu'ils ont accumulés au cours des dix dernières années, a déclaré M.Masood. Cependant, ces pays enregistrent une baisse considérable de leurs recettes d'exportation. Le recul des prix du pétrole transformera l'excédent des transactions courantes que dégagent depuis longtemps les pays exportateurs de pétrole de la région en un déficit de 22 milliards de dollars en 2015; les recettes d'exportation devraient être inférieures d'environ 380 milliards de dollars aux prévisions datant d'avant la baisse des prix du pétrole. Les budgets des pays exportateurs de pétrole sont aussi gravement touchés par la chute des prix du pétrole: les soldes budgétaires se détériorent, avec un déficit moyen de 81⁄2% du PIB. En raison d'une forte hausse des dépenses ces dernières années, les budgets sont vulnérables à une baisse des prix du pétrole, a noté M. Ahmed. «La plupart des pays de la région ne peuvent pas équilibrer leur budget lorsque le prix du pétrole s'approche de 60 dollars le baril», a-t-il déclaré. M.Ahmed a attiré l'attention sur une série de mesures que les pays exportateurs de pétrole de la région pourraient prendre, tant pour faire face à l'évolution des prix du pétrole que pour assurer la bonne santé à long terme de leur économie. Comme l'on s'attend à ce que les prix du pétrole restent à un bas niveau pendant un certain temps, les pouvoirs publics devraient commencer à modérer le rythme de leurs dépenses, a-t-il déclaré. Mais comme les dépenses publiques constituent un moteur essentiel de la croissance non pétrolière, cet assainissement devrait être propice à la croissance et progressif, compte tenu de l'espace budgétaire et du financement disponible.