Le FMI a averti hier que les excédents des pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) disparaîtront à l'horizon 2017, si les politiques budgétaires suivies dans ces pays ne changent pas. Dans son nouveau rapport sur les perspectives économiques, publié avant-hier, le FMI note qu'en dehors du Conseil de coopération du Golfe et de Bahreïn, tous les pays de la région sont déjà déficitaires. Selon le rapport, le repli marqué des cours du pétrole, de 20% durant les deux derniers mois, accentue les risques budgétaires. "Dans la plupart des pays exportateurs de pétrole, la situation budgétaire s'affaiblit", relève le rapport. La hausse des dépenses publiques dans un contexte de stabilité globale des cours du pétrole devrait réduire l'excédent budgétaire à 2% cette année, puis à 1,25% en 2015. Les soldes budgétaires ne suffiront pas à épargner une part équitable de la richesse pétrolière au profit des générations futures estime le FMI, évoquant une vulnérabilité considérable en cas d'évolution défavorable des cours du pétrole. "Si les cours du pétrole se maintiennent longtemps à leur faible niveau actuel, l'excédent budgétaire global des pays exportateurs pourrait se transformer en déficit dès l'année prochaine", a déclaré Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors de la présentation du rapport à Dubaï. Il importe, suggère le FMI, que les pays qui disposent d'une marge de manœuvre, ajustent progressivement leur situation budgétaire, afin de limiter l'effet de frein sur la croissance. Selon le rapport, le fléchissement des soldes budgétaires et extérieurs s'explique principalement par le coût élevé des subventions énergétiques et de la masse salariale. Du coup, pour le FMI, les pays exportateurs de pétrole de la région Mena doivent contenir les dépenses publiques pour préserver la viabilité budgétaire et léguer aux générations futures une part équitable de la richesse tirée des ressources naturelles. Ils doivent, également, adapter leur modèle économique à l'impératif d'une croissance durable, inclusive et diversifiée. "Leur modèle économique s'appuie sur la croissance des dépenses publiques alimentée par l'augmentation des cours du pétrole. Le passage à un modèle plus diversifié tiré par le secteur privé nécessite de profondes réformes", relève le rapport. Il importe "avant tout" d'améliorer l'environnement politique et le climat des affaires, de remédier aux goulots d'étranglement d'infrastructures et de développer l'accès aux services financiers, pour accroître l'investissement, rehausser la productivité et assurer une croissance soutenue. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord connaît une croissance terne pour la quatrième année consécutive. Selon les perspectives économiques régionales, la croissance sera en légère hausse, à 2,5% cette année (soit une révision à la baisse de trois quarts de point de pourcentage par rapport à la mise à jour des perspectives de mai 2014), puis continuer de progresser l'an prochain. "Cependant, les risques sont principalement baissiers, notamment à l'horizon 2015, et les résultats économiques varient considérablement d'un pays à l'autre", soutient le FMI. Pour rappel, la mission dirigée par Zeine Zeidane, qui a séjourné en Algérie du 17 septembre au 1er octobre 2014, pour mener les entretiens relatifs aux consultations annuelles au titre de l'article IV des statuts du FMI, avait relevé que, pour la première fois en près de quinze ans, le solde des transactions courantes de notre pays devrait devenir déficitaire. M. R.