La secrétaire générale du PT franchit la frontière de l'idéologie et accuse, non pas un ou deux ministres, mais le tiers de l'équipe gouvernementale d'être à la merci des oligarques. La secrétaire générale du Parti des travailleurs n'a épargné personne dans une conférence animée, hier, à Alger. L'action gouvernementale est passée au «hachoir» de Louisa Hanoune qui, prise dans une logique de critiques tous azimuts, a tout déballé. De l'Accord d'association avec l'Union européenne, au commerce extérieur, en passant par les membres du gouvernement et le président du FCE, tout le monde en «a pris pour son compte». En guerre contre «l'oligarchie», Mme Hanoune exclut nommément le Premier ministre et le ministre de l'Energie de la «bande» et ose une accusation gravissime en soutenant que 30% du gouvernement seraient corrompus «d'une manière ou d'une autre». La secrétaire générale du PT a certes pris les précautions d'usage pour ce genre de déclarations, mais le sens est on ne peut plus évident, à savoir que «l'oligarchie» qu'elle condamne est en train de tailler en pièces le pays. La première responsable du PT estime que le pays prend le chemin de l'Ukraine ou du Mexique. Deux pays qui, dans la grille de lecture du parti trotskiste, sont gérés par les puissances de l'argent qui font que les intérêts des hommes politiques et des hommes d'affaires sont intimement liés. La forte connotation idéologique des propos de Mme Hanoune, réduit de la pertinence de son discours et autorise quelques remarques fondées de ses adversaires. Dans sa conférence d'hier, elle a plaidé pour le gel de l'Accord d'association et pour un retour du monopole du commerce extérieur, ce qui provoquera une suspension sine die des négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Sachant que l'Algérie est l'un des cinq derniers pays, actuellement en dehors de l'Organisation mondiale du commerce, pas mal d'observateurs trouvent son discours irréaliste. Ceci place fatalement le PT en dehors de la vie politico-économique et l'exclut, de fait, des débats en cours sur la stratégie qu'adopte l'Algérie ces derniers mois. La démarche du gouvernement qui est, faut-il le souligner, universelle, même si ce mot ne veut pas dire que la mondialisation est angélique, paraît comme une démarche criminelle dans la vision économique du PT, idéologiquement parlant. Mais la secrétaire générale du PT franchit la frontière de l'idéologie et porte de graves accusations qui ne pourraient pas passer comme cela, d'autant qu'elles concernent, non pas un ou deux ministres, mais le tiers de l'équipe gouvernementale. Dans n'importe quel pays du monde, pareilles assertions doivent être accompagnées de preuves irréfutables, voire des dépôts de plaintes nominatives à l'encontre des ministres impliqués dans des affaires de corruption. Rester dans le vague ne rend pas service au pays et l'Etat que Louisa Hanoune dit vouloir sauver de la rapine de l'oligarchie. Par sa démarche, la secrétaire générale du PT risque d'avoir l'effet inverse à celui recherché, à savoir que les «oligarques», s'ils existent, travailleront à l'ombre des 70% honnêtes du gouvernement, mais dont on ne connaît pas l'identité. En d'autres termes, s'il y a des preuves, il est urgent de les rendre publiques ou les donner à la justice.