Chez les parents d'élèves, la tendance est à l'indignation et le droit à la vérité est fortement revendiqué. L'inspection de l'académie d'Alger a affirmé que 507 élèves des différents paliers de l'enseignement sont touchés par la décision de fermeture de leurs établissements éducatifs privés dans la wilaya d'Alger. 231 élèves scolarisés dans 21 établissements éducatifs privés relèvent de l'enseignement primaire, 181 du moyen et 95 élèves de l'enseignement secondaire, a précisé le chargé des écoles privées à l'académie. Cette précision fait suite au communiqué laconique diffusé lundi soir, invitant les parents à réinscrire leurs enfants dans les établissements scolaires publics. Encore une fois, l'élève est pris en otage. Pourquoi le dossier des écoles dites «inappropriées» est-il demeuré sept mois durant dans les tiroirs de l'éducation nationale avant qu'il soit mis au jour, à quelques encablures de la fin de l'année? C'est la question qui taraude l'esprit des parents d'élèves, pris à contre-pied et poussés à revoir le mode d'enseignement de leurs enfants. Fin de parcours pour ces écoles et début de calvaire pour des élèves, ralentis malgré eux par une décision qui tombe comme un coup de massue sur la tête des parents qui pensaient, à travers l'école privée, voir le bout du tunnel. La tutelle retient une seule explication. Tout d'abord, Boubekeur Benbouzid a annoncé, en septembre lors de la rentrée scolaire, qu'un cahier des charges a été imposé à toutes les écoles privées et que la sanction va tomber sur celles qui n'ont pas répondu aux critères. Une ordonnance, rappelons-le, a été endossée au niveau d'un conseil des ministres qui stipule que ces établissements sont astreints à dispenser leurs cours en langue arabe, à enseigner le programme algérien et auront le droit d'enseigner des matières fonctionnelles après accord du ministère. Tout établissement qui ne se conformera pas à cette réglementation sera sanctionné, a promis la tutelle. Le recours a des sanctions pénales n'a pas été écarté avec ensuite, comme contrainte, le transfert, selon les bulletins scolaires, des élèves vers des établissements publics. Si, sur le plan de la loi, tout a été mis au clair, il n'en demeure pas moins que les élèves sont, en fin de compte, les seuls perdants dans une affaire à laquelle il n'ont pas pris part. Cette décision de fermeture tombe, malgré tout, au mauvais moment pour la famille des enseignants et des élèves. Car la menace des syndicats autonomes pointe toujours à l'horizon, même si les deux précédents débrayages ont sévèrement secoué l'éducation nationale. A cette grogne vient s'ajouter l'affaire des écoles privées, un autre sujet aussi sensible pour l'éducation nationale qui semble être, depuis quelque temps, dans de beaux draps. Chez les parents d'élèves concernés par le transfert à l'école publique, la tendance est à l'indignation. Le droit à la vérité est revendiqué par certains d'entre eux, rencontrés hier devant la direction de l'organisation pédagogique de l'inspection pédagogique d'Alger. L'une des interrogations de ces derniers porte sur cette procédure qui paraît «à sens unique» et qui pénalise beaucoup plus l'élève et le parent que le responsable de l'école. Il y a dans cette affaire de fermeture, affirme une interlocutrice, une motivation autre que le non-respect du cahier des charges. Pourquoi, dit-elle, la tutelle a mis autant de temps pour procéder à de telles sanctions? A les entendre demander des renseignements, ces quelques parents d'élèves, certainement ne représentant qu'une minorité, mais le ton est loin d'être conciliant. En effet, parents et élèves ne savent plus à quel saint se vouer. Refaire l'année après sept mois de scolarité ou se hasarder dans une école publique qui peine toujours à réussir sa métamorphose, voilà deux chemins jugés «impraticables». Recaser les élèves «chassés de l'école privée» dans un établissement scolaire public est une solution de dernière minute qui pourrait causer un réel ralentissement de la scolarité. Dans un communiqué adressé hier à notre rédaction, les parents d'élèves des écoles privées ont saisi le président de l'APN pour «atteinte grave aux droits de l'enfant, au-delà des aspects légaux de la décision du ministère». Aux yeux des signataires de la déclaration, la décision du ministère a été prise précipitamment et sans prendre en compte les préoccupations et les droits fondamentaux des parents d'élèves et des élèves. Quant à un éventuel impact négatif de cette sentence sur l'avenir des enfants, les parents d'élèves mettent en avant des «conséquences désastreuses aussi bien sur les aspects psychologique et pédagogique que sur les volets de l'intégration dans un cursus de l'éducation». Un autre préjudice jugé plus grave est à craindre pour les élèves de classes d'examen (brevet+bac). A l'origine, a-t-on indiqué également dans la même déclaration, l'inadéquation des contenus et des méthodes des programmes enseignés au niveau des deux systèmes privé et public. Chose qui veut dire, à en croire les parents d'élèves, que la solution proposée de transférer les élèves d'un système d'enseignement vers un autre «sans préalablement effectuer une étude sérieuse d'impact est vouée à l'échec et de ce fait ne pourrait en aucun cas se faire dans des conditions normales». Un appel a été donc adressé au ministre pour surseoir à la décision de fermeture, en accordant des délais de mise en conformité. Après tout, la problématique de l'école privée doit être traitée au-delà de toute considération idéologique. La langue d'enseignement doit être à la fois du ressort des spécialistes et des politiques. Il reste, toutefois, que l'ouverture d'une école privée doit obéir aux normes internationales, que ce soit sur le plan pédagogique que des moyens didactiques et infrastructurels.