Le ministre de la Communication a appelé au dialogue avec la presse au lendemain de la présidentielle d'avril dernier. Engagé dans un débat avec les professionnels de la presse, le ministère de la Communication a été doté d'un statut qui définit ses missions et prérogatives, à travers un décret gouvernemental publié le 25 août dernier au Journal Officiel. Le texte donne toute sa dimension au travail qu'effectue Boudjemaâ Haïchour depuis son installation à la tête du département dont il a la charge. D'entrée, l'Exécutif, sans doute conscient des enjeux politiques d'un tel secteur balise la voie en décrétant que la mission principale du ministère de la Communication est de «promouvoir une culture journalistique respectueuse de l'éthique et de la déontologie professionnelles pour la diffusion d'une information plurielle, responsable et objective». En fait, le principe du pluralisme est consacré dans ledit décret qui fait obligation au ministère de «contribuer à sensibiliser les institutions et les citoyens sur le respect des libertés fondamentales, des libertés de la presse et de l'expression». Le souci d'éviter une sorte de monopole à l'italienne des médias est également pris en charge, puisque le même décret instruit le ministère de la Communication «de proposer des mesures d'ordre législatif ou réglementaire à l'effet de prévenir la concentration des titres et organes de l'influence financière». Un travail en collaboration avec de nombreux éditeurs est actuellement en cours, qui prend justement en compte le phénomène de l'accaparement des puissances financières de certains titres, dénaturant par là même la mission originelle des organes de presse. Le nouveau code de l'information, en voie de finalisation par un groupe de travail mixte ministère-éditeurs, promet, à ce propos, un renouveau dans les relations entre le pouvoir politique et la presse d'un côté et les professionnels de l'information et les sphères d'affaires, de l'autre. Le ministre de la Communication, qui a appelé au dialogue avec la presse au lendemain de la présidentielle d'avril dernier, apporte une contribution non négligeable dans la dynamique d'apaisement voulue par les pouvoirs publics et apparemment bien reçue par l'ensemble de la famille journalistique du pays. Les graves dérapages constatés lors de la campagne électorale ont eu pour effet, à quelque chose malheur est bon, d'amener les professionnels de la presse privée à reconsidérer leur rôle dans le paysage politico-médiatique du pays. Les efforts de Boudjemaâ Haïchour auront donc abouti à une situation où la passion n'a plus droit de cité dans les rapports pouvoir-presse. La promulgation du décret fixant les attributions du ministère de la Communication est de nature à conforter le ministre dans son action en direction de la sphère médiatique, d'autant que le texte est assez exhaustif et balise de manière claire les missions des pouvoirs publics, en matière de gestion du secteur. Avec ce décret, Boudjemaâ Haïchour dispose des atouts nécessaires pour mener à bien une mission, de loin la plus délicate, eu égard au caractère spécifique du secteur de la presse en Algérie.